terre. La survie et l’épanouissement économique de l’ Acadie dépen- dent du développement de ce commerce maritime.
En 1710, des troupes de la Nouvelle-Angleterre s’emparent de la capitale acadienne, Port-Royal. Trois ans plus tard, aux termes du traité d’Utrecht conclu à l’issue de la guerre de succession d’Es- pagne, la France cède à l’ Angleterre la baie d'Hudson, l’Acadie et Terre-Neuve. Le traité stipule que les Acadiens ont un an pour quitter la colonie qui s’appellera désormais la Nouvelle-Écosse ; ils sont cependant autorisés à y demeurer à condition de devenir sujets britanniques. L’ Angleterre leur assure le droit de pratiquer leur reli- gion catholique «dans la mesure que les lois de la Grande-Bretagne le permettent».
Les Acadiens n’ont aucune intention de quitter les terres où ils se trouvent si bien. En raison de l’instabilité politique chronique qui règne depuis un siècle, rien n’indique cependant que cette période de paix doive être plus durable que les précédentes. Quant au serment d’allégeance à la Couronne anglaise, ils refusent de le prêter selon la formule imposée. Les Acadiens se disent toutefois prêts à devenir sujets britanniques à condition de ne pas être tenus de prendre les armes contre la France dans une guerre éventuelle. De plus, ils veulent être assurés que leur foi catholique sera respectée.
Plusieurs gouverneurs anglais de la Nouvelle-Écosse tentent, sans succès, d'imposer aux Acadiens le serment d’allégeance sans réserve au monarque de l’Angleterre. Ils les menacent d’expulsion s’ils refusent d’obéir. Les Acadiens tiennent trop à leur neutralité pour céder à ces pressions.
Cette neutralité est mise à l’épreuve au cours des années 1740, lors d’une nouvelle guerre entre la France et l’ Angleterre. Pendant ce conflit, des troupes françaises casernées à Louisbourg tentent en vain de reprendre l’ Acadie. Malgré les pressions des militaires fran- çais, la plupart des Acadiens refusent de se joindre à leurs troupes. Quelques-uns collaborent, cependant, mais ils diront presque tous par la suite qu’ils y avaient été forcés. Ces événements incitent les autorités anglaises à remettre en question la neutralité des Acadiens. Afin de mieux occuper son territoire, l’ Angleterre décide alors d’y envoyer des colons protestants et d’y construire, en 1749, une ville forteresse, Halifax, pour contrecarrer Louisbourg. Quelques années plus tard, en 1755, le gouverneur Charles Lawrence décide une fois pour toutes d’imposer aux Acadiens le serment d’allégeance sans réserve. Il manifeste son intention de les déporter de leurs terres
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