s’ils le refusent. Les Acadiens essaient vainement de lui faire chan- ger d’idée. À l’automne de 1755, les troupes de Lawrence, aidées de celles du gouverneur Shirley du Massachusetts, exécutent l’ordre de déportation. Elles expatrient environ 6000 des quelque 10 000 habitants acadiens vers les colonies de la Nouvelle-Angleterre.

Ainsi se termine le premier chapitre de l’histoire des Acadiens qui colonisent la terre ferme. L’isolement de la colonie par rapport à la Nouvelle-France, l'instabilité politique due, en partie, à sa posi- tion stratégique, l’origine commune des colons, l’adaptation au milieu, tous ces facteurs contribuent à la formation d’un peuple distinct.

L’île Saint-Jean : débuts d’une colonie

La France revendique l’île Saint-Jean bien avant d’y envoyer des colons en 1720. Dès 1534, l’explorateur français Jacques Cartier visitait l’île brièvement et en prenait possession au nom du roi de France. On trouve la première description des lieux dans ses récits de voyages. Cependant, l’île est depuis fort longtemps fréquentée par des Micmacs, surtout l’été. Il n’est pas impossible que des établissements permanents y aient subsisté. Les Micmacs appellent l’île «Abegweït», c’est-à-dire «bercée sur les vagues».

On ignore qui a donné à l’île le nom de Saint-Jean, et à quel moment. On sait qu’elle était connue sous ce nom par les pêcheurs basques et bretons qui la côtoyaient bien avant sa première appa- rition sur la carte de la Nouvelle-France dressée par Samuel de Champlain en 1612“.

Au cours du XVII siècle, le nom de l’île Saint-Jean apparaît dans le texte de concessions royales accordées à certains armateurs et commerçants qui commanditaient la pêche à la morue. On relève les noms de Nicolas Denys (1653), François Doublet (1663) et Gabriel Gautier (1686) parmi ces titulaires de privilèges royaux. Cependant, il semble qu’aucun d’entre eux n’ait fondé d’établis- sement permanent sur l’île.

Après la perte de l’ Acadie et de Terre-Neuve en 1713, la France veut coloniser l’île Saint-Jean et l’île Royale (le Cap-Breton). Elle se voit obligée de renforcer sa présence sur la côte atlantique afin d’assurer la protection de sa colonie en Nouvelle-France, qui comprend alors quelque 20 000 habitants, et de soutenir l’impor- tante industrie de la pêche à la morue. Pour entreprendre la colo-

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