Écosse dont à peu près 6000 sont déportés dans les colonies de la Nouvelle-Angleterre. Les troupes de Lawrence brûlent les villages, détruisent les récoltes et font embarquer les habitants à bord de navires dans des conditions très pénibles. Quatre mille Acadiens réussissent à s'échapper dont la moitié environ se réfugie à l’île Saint-Jean. En 1756, la population de l’île dépasse 4400 habitants*°. Le lieutenant-gouverneur Vaudreuil, de Québec, vient au secours de ces réfugiés. Mais le 7 août 1756, il écrit au ministre de la Marine que la situation à l’île Saint-Jean est déplorable :

La misère est grande dans l’île Saint-Jean, la plus part des habitans sont sans pain, M. de Villejoin ayant nourri depuis l’automne 1257 personnes réfugiées il en a reçu ce printemps 230 de Cocagne mais il a été obligé de faire passer quelques familles à Québec par ordre de M. de Drucourt et suivant mes intentions, il s’est débarassé des habitans les moins laborieux?!

Ainsi prend fin, sur une note tragique, la grande vague d’im- migration vers l’île Saint-Jean. En l’espace de huit ans, la population est passée de 735 habitants à 4400 habitants. Maintenant débute le pénible dépeuplement de l’île.

La déportation de 1758

Le séjour des réfugiés acadiens à l’île Saint-Jean est de courte durée. En 1758, la forteresse de Louisbourg est encore une fois assiégée par les troupes britanniques. Les Français capitulent le 26 juillet, ils perdent donc de ce fait l’île Saint-Jean. Le général Amherst envoie Lord Rollo et un contingent de 500 hommes à l’île avec ordre de regrouper et de déporter les habitants et de brûler leurs établissements. Lorsque les gens de l’île apprennent le projet de leurs vainqueurs, ils se rendent en délégation devant Lord Rollo en lui demandant d’accepter leur soumission et de leur permettre de demeurer sur leurs terres. Lord Rollo répond qu’il doit obéir aux directives de ses supérieurs, mais il permet aux curés Cassiet et Biscaret de porter la requête de leurs paroissiens au général Amherst à Louisbourg. Leur supplique est rejetée et, au mois d’octobre, les militaires anglais commencent l’embarquement des Acadiens à bord de navires qui les transportent vers la France. On estime à plus de 3000 le nombre des déportés de l’île Saint-Jean*?. Les autres habi- tants s’enfuient à la baie des Chaleurs et au Québec avec leurs propres embarcations ou sur des navires français venus à leur secours.

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