Quelques familles parviennent à se cacher de l’ennemi et demeurent dans l’île.

Qu'’advient-il des quelque 3000 déportés? Environ 700 d’entre eux, entassés à bord du Duke William et du Violet, périssent au cours de la traversée transatlantique, lorsque ces deux vaisseaux sombrent lors d’une tempête. De nombreux décès surviennent à bord des autres navires. Les survivants sont débarqués dans des ports français. La France les accueille et leur verse des pensions en atten- dant qu’ils parviennent à se rétablir avec l’aide de l’État.

En France, les Acadiens ne se sentent pas chez eux. C’est bien le pays des ancêtres mais, pour la majorité d’entre eux, ce n’est pas le pays natal. Leur patrie c’est l’ Acadie, cette côte maritime leurs aïeux se sont établis un siècle auparavant et ils ont développé, au cours des générations, un genre de vie fort différent de celui des Français. Après un bref séjour, la plupart des Acadiens souhaitent retourner en Acadie ou s’établir dans de nouvelles colonies fran- çaises, plutôt que de rester en France.

Le quart de siècle qui suit la Déportation voit de nombreux déplacements pour ces Acadiens en exil. En plus de leurs diverses pérégrinations en France même, plusieurs familles finissent par se fixer définitivement, beaucoup d’Acadiens retraversent l’océan à la recherche du pays perdu. Certains retournent obstinément en Acadie, d’autres font voile vers les Antilles et même vers les loin- taines îles Malouines (Falklands). Plusieurs de ces tentatives de recolonisation échouent. Ces Acadiens errants reviennent en France d’où ils repartent en assez grand nombre pour la Louisiane au cours des années 1780.

La pêche

Tout au long de la période du Régime français, la vie des habi- tants de l’île Saint-Jean tourne essentiellement autour de la pêche et de l’agriculture. Comme nous l’avons déjà vu, le comte de Saint- Pierre s’intéresse tout particulièrement à la pêche à la morue qui constitue un élément très important de l’économie française au XVIII° siècle. Ce poisson jouit alors d’une grande valeur commerciale, surtout au Portugal, en Espagne et en Italie*. Au début du XVIII siècle, les pêcheurs français exploitent surtout les grands bancs au large de Terre-Neuve, territoire que la France revendique. Ils y fondent quelques établissements, mais la plupart des pêcheurs ne

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