totallement dévoré les campagnes, ils se précipitèrent dans l’eau où ils se noyèrent…
Le second a été occasionné par des légions innombrables de sauterelles qui étoient d’une grosseur prodigieuse, elles étoient d’une espèce sy vorasse qu’elles ravagèrent les grains et toutes les légumes, mêmes jusqu’au foin et aux bour- geons des arbres ; et la dernière leur bled a été totallement échaudé. 5?
Les colons cultivent avec un certain succès des jardins potagers. En 1753, l’intendant Prévost rapporte que les habitants ont récolté une assez grande quantité de légumes pour en exporter à Louisbourg”". A titre d’exemple, un colon à lui seul réussit à vendre à Louisbourg 5 barriques de navets‘!. Enfin, il faut noter que les Acadiens ne connaissent pas la pomme de terre à cette époque.
Les pratiques agraires des premiers colons ne semblent pas être tellement heureuses car ils exploitent les sols jusqu’à l’épuisement. C’est pourquoi l’intendant Prévost recommande que les habitants soient entraînés à engraisser leurs terres et à les mettre en repos, au moins une année sur trois®?.
Les troupeaux sont toujours assez importants à l’île Saint-Jean. En 1735, bien que la population ne s’élève qu’à 432 colons, on y trouve 433 bovins et 190 moutons. Le recensement qui fait état de ces détails ne donne malheureusement pas de statistiques quant aux autres animaux. Nous pouvons cependant croire que les gens de l’époque élèvent aussi des cochons et de la volaille. Le dénom- brement de 1740 est plus détaillé mais ne fait pas mention de cochons ou de volaille. Ainsi compte-t-on, pour une population de 440 personnes, jusqu’à 166 boeufs, 337 vaches, 402 brebis et 14 chevaux. L'augmentation de la population et du cheptel entre ces deux recensements est surtout attribuable à l’immigration des Acadiens. Le recensement de 1752, extrêmement détaillé, nous éclaire sur l’importance du bétail dans l’île Saint-Jean avant la fin du Régime français. Par suite de l’arrivée de beaucoup d’Acadiens à partir de 1749, la population est maintenant de 2223 âmes. Le cheptel a lui aussi beaucoup augmenté. En arrondissant les chiffres, on compte 100 chevaux, 800 boeufs, 1300 autres bêtes à cornes, 1200 moutons, 1300 cochons, 2300 poules, 300 oies, 100 dindes et 12 canards%. Cependant, une famille moyenne, comme celle de Joseph Arsenault et Marguerite Boudrot, qui habite Malpèque depuis 23 ans, ne possède que deux boeufs, une vache, quatre brebis, un mouton, trois cochons et six poules®?. L’hiver précédant ce recen- sement, les habitants de l’île ont perdu 414 bêtes à cornes par mala-
42