die et par manque de fourrage‘. En ce qui concerne la viande, on consomme de préférence le porc, le poulet et moins souvent le mouton. Les bêtes à cornes sont rarement abattues pour être consommées. Le boeuf sert surtout d’animal de trait pour le défrichage et le labourage. Quant au veau, on le garde précieusement pour l’approvisionnement de Louisbourg. En conclusion, les années où la population de la colonie arrive à se suffire en vivres sont plutôt rares. En raison de tous les fléaux qui détruisent les récoltes, du manque de semences et de l’immi- gration accélérée de réfugiés acadiens, l’île Saint-Jean ne connaît pas de prospérité agricole sous le Régime français. La petite colonie doit souvent faire appel à Louisbourg pour s’alimenter. Le cadre spirituel Les immigrants français qui viennent s’établir en Acadie au XVII siècle sont presque tous de religion catholique. Ils quittent en effet un pays où la religion d’État est le catholicisme et où l’Église détient un pouvoir politique important. Parmi les ministres du roi les plus influents de l’époque, on trouve le cardinal de Richelieu qui réserve, en 1627, la colonie de la Nouvelle-France aux seuls immigrants catholiques‘?. Ainsi, les Acadiens, comme l’ensemble des Cana- diens français, sont appelés à former un peuple très homogène du point de vue confessionnel. Lors de la fondation d’une colonie, le recrutement d’un prêtre préoccupe toujours les colonisateurs français. La Compagnie de l’Isle Saint-Jean, chargée de la création de la première colonie dans l’île, a recours alors aux services de l’abbé Charles-René de Breslay. Ce sulpicien, âgé de 62 ans, possède une vaste expérience de vie missionnaire dans le Nouveau Monde pour avoir exercé son minis- tère pendant de nombreuses années dans la région de Montréal. En raison de son âge et de sa santé, il se fait accompagner par un jeune sulpicien, l’abbé Marie-Anselme Métivier qui, lui aussi, a quelques années d’expérience en Nouvelle-France”? Ces deux prêtres, croit- on, arriveront avec les quelque 300 colons ayant quitté la France au printemps de 1720 à destination de l’île Saint-Jean. L’abbé de Breslay et l’abbé Métivier ne demeurent que trois ans dans l’île. En acceptant cette mission, ils se promettent de fonder un séminaire pour desservir la région maritime. Cependant, ils se rendent compte qu’un tel projet n’est guère réalisable à ce stade de 43