la colonisation, d’autant plus que la Compagnie de l’Isle Saint-Jean, dont ils dépendent financièrement, ne semble pas connaître beau- coup de succès dans ses entreprises commerciales/!. Après le départ des deux prêtres sulpiciens, la mission de l’île est confiée aux récollets, des moines mendiants qui viennent d’éta- blir un couvent à Louisbourg. L’entretien de ces prêtres promet d’être beaucoup moins onéreux pour la Compagnie de l’Isle Saint- Jean. Ainsi, pendant une trentaine d’années, seuls les récollets veil- lent aux besoins spirituels des colons insulaires. Les prêtres se relayent à un rythme assez régulier, car une vingtaine de récollets différents ont exercé un ministère dans l’île entre 1723 et 175472. Tous les prêtres desservent l’île à partir de Port-Lajoie où la Compagnie de l’Isle Saint-Jean construit une petite chapelle dédiée à saint Jean l’Évangéliste. Comme la plupart des bâtiments de Port- Lajoie, cette construction est très mal entretenue après le départ de la Compagnie en 1725. Le commandant de Pensens se plaint, en 1733, de l’absence d’une chapelle : Il y a un aumonier avec quelques ornements pour une chapelle sans chapelle cependant, l’on se sert d’une mauvaise maison qui est le seul morceau qui reste de l’ancienne complagnie]. Comme il manque bien des choses pour le journalier du service divin et surtout des bougies, j’ay l'honneur d’adresser à Monseigneur un mémoire que l’aumonier qui y estait m’a envoyé en quittant la chapelle. | À Port-Lajoie, le prêtre, dont les dépenses sont assumées par l’État, fait fonction d’aumônier de la garnison du roi. Il dessert aussi les environs du fort et les autres établissements de l’île. Le travail du missionnaire consiste à apporter les sacrements aux colons, à enseigner la religion aux jeunes, à évangéliser les Amérindiens et parfois à remplir les fonctions de notaire ou de juge afin de trancher les différends entre les colons, ou à rédiger les documents officiels/*. Le prêtre exerce ces fonctions dans des conditions très difficiles : pour rejoindre ses fidèles, il doit se déplacer à pied, en canot ou en bateau. D’après certains témoignages de l’époque, les colons de l’île Saint-Jean sont fort attachés à leur religion. Comme nous l’avons déjà vu, l’ingénieur Franquet fait une tournée d’inspection en 1751. Il note que les colons de l’île sont «zélés pour la religion, même un peu superstitieux/». Ses observations prouvent que la présence d’un prêtre est d’une importance primordiale pour les habitants. 44