Partout il se rend, ils le prient de bien vouloir leur obtenir un prêtre. Malgré l’éparpillement des colons dans plusieurs petits établissements, un seul missionnaire réussit tant bien que mal à les desservir tous. Mais, à partir de 1749, l’immigration accélérée modifie beaucoup la situation. Les nouveaux arrivants se joignent aux autres colons pour demander à la France de leur fournir des prêtres, car un seul missionnaire ne suffit plus à la tâche.

Les paroisses sont en voie de formation quand l’ingénieur Fran- quet arrive. Les gens de Havre-Saint-Pierre possèdent une église depuis le début des années 17407 ; les Acadiens de Pointe-Prime ont construit, à leurs propres frais, une chapelle, alors qu’on en prépare une autre à Rivière-du-Nord-Est. En effet, c’est Franquet qui aide à résoudre le problème du choix du site de l’église. On lit les remarques suivantes dans son rapport :

Le 13°, la plupart des principaux habitants s’étant rendus chez le dit sr Gauthier, on y agita l’église qu’ils désiraient. La dépense de sa construction ne souffrit point de difficultés ; ils avancèrent même que tous les bois étaient prêts et que chacun y contribuerait sans contestation ; mais les sentiments se trou- vèrent partagés pour le lieu de son emplacement, nous étant aperçus que la bienséance d’un chacun de l’avoir sur le côté de la rivière qu’il habitait.….?7

Le rapport de Franquet semble porter ses fruits, parce que le Père Peronnel arrive de la France en 1752 pour prendre en charge la paroisse de Saint-Louis-du-Nord-Est. À cause de problèmes de santé, il n’y demeure pas longtemps. La même année, le père Girard s’installe à Pointe-Prime avec ses anciens paroissiens de Cobéquid (Truro), émigrés à l’île depuis quelques années. Trois autres prêtres arrivent en 1753 : les pères de Biscaret, Cassiet et Dosque. La colo- nie possède maintenant cinq paroisses religieuses desservies par des curés : l’abbé Girard à la Pointe-Prime, l’abbé Cassiet à Saint-Louis- du-Nord-Est, l’abbé de Biscaret à Saint-Pierre-du-Nord et l’abbé Dosque à Malpèque une petite église est construite sous le vocable de la Sainte-Famille’#. Le récollet Ambroise Aubré remplit la fonc- tion d’aumônier à Port-Lajoie.

La colonie est dans un état d’extrême pauvreté : les semences manquent, les récoltes sont mauvaises et la plupart des colons vien- nent d’arriver. Le gouvernement français se voit donc obligé de pourvoir aux besoins des missionnaires en attendant que les habi- tants soient en mesure de payer la dîme. En 1753, par exemple, l’intendant Prévost demande au ministre des Colonies d’aider les colons à garnir leurs églises et de leur envoyer quatre cloches’/?. Un

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