Le retour dans l’île L’expulsion des colons marque la fin du Régime français à l’île Saint-Jean. La Grande-Bretagne construit le fort Amherst tout près des ruines des fortifications de Port-Lajoie. Une garnison de 190 hommes assure la protection du nouveau territoire anglais jusqu’en 1763, fin de la guerre de Sept Ans et date du traité de Paris. Quelques années plus tard la garnison est retirée et le fort est définitivement abandonné. Nous avons vu que de nombreux Acadiens de l’île ont pu éviter la déportation en se réfugiant sur le continent. Quelques familles ont pu demeurer cachées dans l’île mais leur nombre a dû être très faible. En remontant la généalogie et l’histoire des principales familles acadiennes qui habitent l’île aujourd’hui, on découvre que la plupart ont connu au moins quelques années d’exil. Cela confirme ce que l’évêque de Québec, Mgr Joseph-Octave Plessis, écrit dans son jour- nal lors d’une visite pastorale en 1812 : La plupart abandonnèrent leurs terres pendant deux ou trois ans d’autres y revinrent seulement après la paix de 1763. D’autres enfin s’étant fixés ailleurs, oublièrent leur ancienne patrie et n’y reparurent plus.! Les premières statistiques qui nous renseignent sur les Acadiens dans l’île après 1758 sont celles de l’arpenteur Samuel Holland. En 1764, il rapporte qu’il a découvert environ trente familles acadiennes que les autorités britanniques au fort Amherst considèrent comme prisonniers de guerre’. Voici la description que Samuel Holland fait des conditions pitoyables dans lesquelles ils vivent : Ils sont extrêmement pauvres ; ils réussissent à survivre en s’adonnant au jardinage, à la pêche et à la chasse, etc. [...] Les Acadiens ont maintenant recours à des petites cabanes ou huttes dans les bois, à l’abri des intempéries. Cette location leur offre l’avantage de se procurer facilement le bois de chauf- fage. Ils se nourrissent du poisson qu’ils salent l’été et du gibier qu’ils tuent 49