fréquemment, tel que le lièvre, la perdrix, le lynx ou le chat sauvage, la loutre, le martinet et le rat musqué. Ils ne refusent aucune de ces viandes car ils n’ont pas d’autres choix?
Quatre ans plus tard, un autre arpenteur, Alexander Morris, fait un relevé de la population insulaire. Il dénombre 68 Anglais, pres- que tous employés dans l’industrie de la pêche, et 203 Acadiens. Les Acadiens, précise-t-il, sont tous engagés à faire la pêche pour les Anglais. On trouve environ 13 familles à Saint-Pierre, cinq à Rustico, 10 à Tracadie, une à Baie-de-Fortune et 10 à Malpèque“.
Entre ce recensement effectué en 1768 et celui de 1798, plusieurs familles acadiennes viennent s’établir dans l’île de sorte que le recenseur Robert Fox relève la présence de 115 familles acadiennes, soit 675 personnes regroupées en trois communautés : Malpèque, Rustico et Baie-de-Fortune”. On y découvre les principaux noms de famille de l’actuelle population acadienne de l’île.
De ces familles qui reviennent s’établir à l’île après la Dépor- tation, les unes comptaient parmi les premiers habitants de la colonie dans les années 1720 : ce sont surtout les Blanchard, les DesRoches, les Cheverie, les Gallant, les Arsenault et les Martin ; d’autres familles ont habité l’île quelques années comme réfugiés, durant la période précédant la déportation de 1758. Parmi celles-ci, il y a les Gauthier, les Poirier, les Chiasson, les Doiron, les Buote, les Pitre et les Bourque. Enfin, d’autres noms de famille, qu’on ne trouve pas dans l’île avant le Grand Dérangement, figurent au recensement de 1798. C’est le cas, par exemple, des Blaquière, Pineau et LeBrun. Ces nouveaux venus sont cependant liés aux anciennes familles de l’île par leurs épouses.
D'où viennent ces familles acadiennes qui s’établissent à l’île Saint-Jean après la conquête anglaise? Par où sont-elles passées? En fait, elles viennent de plusieurs endroits : du Nouveau-Bruns- wick, de la Nouvelle-Ecosse, des îles de la Madeleine et de Mique- lon. Certaines d’entre elles ont même séjourné en France où elles avaient été déportées. Afin de mieux illustrer leurs pérégrinations, examinons quatre cas typiques.
Jean-Baptiste Gallant est né à Port-Lajoie en 1750. Son grand- père, Michel Haché-Gallant, était l’un des premiers colons acadiens de l’établissement. Lors de la déportation de 1758, Jean-Baptiste fuit vers la terre ferme avec ses parents. On les retrouve en 1760 à Ristigouche, en Gaspésie. Quinze ans plus tard, Jean-Baptiste,
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