la nouvelle constitution adoptée après la Révolution française. En passant par les îles de la Madeleine et l’île du Cap-Breton, Louis Blaquière arrive enfin à Rustico?. Les Acadiens qui choisissent de se fixer dans l’île Saint-Jean sont obligés de prêter le serment d’allégeance au roi d'Angleterre. Selon le recensement de 1768, la plupart des 203 Acadiens le font, sauf ceux qui sont partis à la pêche!°. Mgr Joseph-Octave Plessis décrit, dans son journal, la confusion qui semble avoir régné à propos du serment : .… il s’en était trouvé un certain nombre qui par une religion mal entendue n’avaient pas cru pouvoir en conscience jurer fidélité à un prince hérétique, et d’autres qui l’ayant jurée, s’étaient follement persuadés qu’un tel serment ne les liait pas, et en conséquence l’avait transgressé en prenant de nouveau place dans les armées françaises. !! Jusqu’à la fin du XVIIF siècle, les gouvernants de l’île semblent soupçonner l’infidélité de certains Acadiens. Pendant la révolution américaine, le gouverneur suppléant, Phillips Callbeck, écrit au Secrétaire d’État à Londres que les Acadiens ne sont pas soumis, qu’ils ont tous des fusils de chasse mais qu’ils ont heureusement peu de munitions. D’après lui, si les Acadiens en avaient les moyens, ils feraient disparaître la population anglaise!?. Calibeck a sans doute entendu parler d’un groupe d’Acadiens du sud-est du Nouveau- Brunswick qui a pris les armes pour appuyer les rebelles américains contre les soldats britanniques!* Un incident survenu à Rustico en 1794 nous montre que la fidé- lité de certains Acadiens fait encore à l’époque l’objet de suspicion. Les habitants du Grand-Rustico refusent de s’assembler, à l’ordre du capitaine de la milice. Le gouverneur Edmund Fanning se rend alors à Rustico, accompagné d’une troupe de militaires et de plusieurs officiers civils. Il réunit la population, suspecte de désaffection, et lui fait prêter le serment d’allégeance. Peut-être s’agit-il des gens qui sont venus de Miquelon et qui ont déjà refusé de prêter serment à la Constitution française. Quoi qu’il en soit, l'événement se passe sans accrocs et le gouverneur est content d’avoir agi d’une façon aussi décisive et d’avoir réglé à jamais les en Tee de désobéis- sance civile chez les Acadiens de Rustico! À la fin du XVII siècle, par conséquent, toutes les principales familles acadiennes sont établies. Ce sont leurs descendants qui constituent le gros de la population acadienne actuelle de l’île. 52