devant la commission chargée d’étudier le problème unique des terres à l’Ile-du-Prince-Edouard. Voici sa description : Les baux étaient pour une durée de 999 ans, à raison d’un shilling sterling l’acre. De plus, ils ont signé des reconnaissances de dettes de 10 livres pour la période allant jusqu’au 25 mars de l’année précédente. Vos Honneurs se rappeleront que les redevances pour l’année en cours étaient presque dues de sorte qu’au 25 mars, un mois seulement après la signature du bail, ils étaient endettés de 15 livres. Parmi ceux qui ont signé ces reconnaissances de dettes, certains étaient très pauvres ; il était donc impossible pour eux d’honorer leurs dettes. Entre-temps, le propriétaire les a tellement harcelés et menacés que la plupart ont abandonné leurs fermes à cause de leur incapacité absolue de payer les arrérages.? Les Acadiens qui désertent leurs fermes s’établissent sur de nouvelles terres boisées pour lesquelles ils signent des baux au propriétaire. Les terrains qu’ils perdent sont alors vendus, géné- ralement à des fermiers anglais mieux nantis. De nombreux Acadiens doivent quitter leurs fermes au bord de la mer pour l’intérieur de l’île où les terres sont souvent plus basses et moins productives. Après 1840, la situation dans la région de Tignish devient de plus en plus critique. Dans l’ensemble, les métayers sont si endettés qu’ils ne peuvent pas payer leurs rentes. Pendant trois ans, un mouvement de résistance s’organise contre le propriétaire et ses agents“. On refuse de payer les redevances et on se protège mutuel- lement contre les saisies. L’affaire atteint son point culminant au cours de l’hiver de 1844 lorsque toute la population décide de résister à l’agent qui veut saisir leurs biens. Quand le shérif arrive à Tignish, accompagné de plusieurs agents de la paix, pour faire des saisies et arrêter les chefs de la résistance, il fait face à une population prête à se défendre. Quelque 500 hommes, armés de bâtons et de fusils, s’attroupent devant les officiers de la loi, bien déterminés à les empêcher d’exécuter leurs tâches“. Cette tentative de résistance semble avoir échoué, car le 9 juillet 1844, le Royal Gazette publie une liste de 34 personnes du lot 1 dont les terres ont été saisies°°. Comme à Rustico, il faudra encore quelques années avant que le problème des terres dans cette partie de l’île soit réglé définiti- vement. Baie-Egmont et Mont-Carmel Les Acadiens de Malpèque qui s’établissent dans le lot 15, à partir de 1812, ont davantage de chance que l’ensemble de leurs 62