embauchés. Tout en consacrant de plus en plus d’énergie à l’ex- ploitation du sol, ils ne délaissent pas pour autant la pêche en mer. En fait, les Acadiens mènent une vie économique assez diversifiée, car en plus de la pêche et de l’agriculture, ils exercent leurs talents de bûcherons, de navigateurs et de bâtisseurs de bateaux. En 1803, Lord Selkirk constate que ce sont surtout les Acadiens qui font de la pêche et qui possèdent la plupart des 70 bateaux utilisés aussi à l’exportation des produits de l’île. Il écrit :
Alors que les colons anglais délaissent la pêche, les Français de la côte nord s’y adonnent. Ils sont propriétaires de neuf-dixième des goélettes, lesquelles constituent les seuls navires marchands que possède l’île. Ils ne sont cependant pas pêcheurs à plein temps ; ils partagent cette occupation avec celle de l’agriculture.….5°
Selkirk ajoute que les goélettes des Acadiens, qui jaugent de 30 à 40 tonnes, sont en général pauvrement gréées. Les Acadiens sont néanmoins rarement l’objet d’accident, car ils sont de bons navi- gateurs, affirme-t-il. Ils prédisent le temps avec sagesse et ils peuvent naviguer de longues distances sans compas. Leur métier de caboteur les amène principalement à Halifax et à Terre-Neuve‘!.
Au début du XIX® siècle, l’importance des activités de la mer varie d’une communauté acadienne à l’autre. Selon les observations de John McGregor, par exemple, les gens de Rustico ne peuvent pas réussir parce qu’ils ne se consacrent pas seulement à la pêche. Il dit : «... à un moment donné ils sont engagés à construire des bâtiments, ensuite ils cultivent la terre pendant quelques semaines, puis ils font la pêche et par après la coupe du bois. Il s’ensuit qu’ils sont pauvres alors que les Acadiens situés ailleurs dans l’île [...] réussissent mieux et ils arrivent à se suffire®.» S. S. Hill tient à peu près les mêmes propos au cours des années 1830 au sujet des gens de Rusticof?.
Du côté de Cascumpec, Hill observe que les Acadiens ne pêchent pas, mais qu’ils font la coupe du bois en plus de cultiver la terre°*. A Tignish, les Acadiens s’adonnent uniquement à l’agriculture. Cela leur vaut les compliments de Monsieur Hill qui, les comparant à leurs compatriotes de Rustico et de Cascumpec, les considère dans une meilleure situation®®.
Du côté de Baie-Egmont, de Mont-Carmel et de Miscouche, l’agriculture constitue l’occupation principale au début du siècle. Les Acadiens font la pêche, mais essentiellement pour leur propre
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