consommation. En 1825, Célestin Robichaud, un Acadien de la baie Sainte-Marie, en Nouvelle-Ecosse, observe qu’à Baie-Egmont on prend le hareng, la truite et le maquereau, mais que la morue ne fréquente pas les eaux de ces côtes. Inquiet devant la mainmise américaine sur la pêche, le gouver- nement de l’île décide, vers 1830, qu’il est temps d’encourager l’industrie. Afin d’inciter les gens à se livrer à la pêche, la Légis- lature vote un programme de primes payées d’une part pour chaque bateau de pêche et d’autre part pour le poisson vendu à l’extérieur de l’île. Si au cours des premières décennies du XIX® siècle, les Acadiens de la région de Tignish et de Cascumpec ne se consacrent pas à la pêche, la situation va changer sensiblement dans les années à venir. En effet, c’est ici que va renaître l’industrie de la pêche dans l’île. Bien que John Hill et ses fils aient fondé un établissement à Alberton au début du siècle, les Acadiens ne semblent pas avoir utilisé cette pêcherie. Dans la région de Tignish, la pêche prend un essor à partir de 1845 avec l’arrivée de commerçants comme Frank Arsenault et Thomas J. Caie. Ils échangent les produits de la terre et de la mer contre des produits importés. En 1850, l’ Américain W. B. Dean et le capitaine Hubbard de Charlottetown fondent un important établis- sement de pêche et de commerce près du village actuel de Tignish®? — le premier d’une telle envergure dans la colonie. L'importance de cette entreprise se fait vite sentir, car en 1852 c’est Tignish, de tous les ports de mer de l’île, qui exporte le plus de produits de la mer, soit 244 barils de gaspareau, 2113 quintaux de morue, 167 quintaux de merlu (morue barbue), 383 barils de maquereau, 115 barils de hareng et 21 barils d’huile de poisson. Le tout est expédié dans les autres colonies anglaises de l’ Amérique du Nord et dans des pays étrangers. Au cours des années 1850, la pêche devient une industrie de plus en plus importante pour l’économie de l’île. Elle prend son essor après la signature du traité de réciprocité entre l’Angleterre et les États-Unis en 1854. Ce traité demeure en vigueur jusqu’en 1866. Les accords suppriment entre les deux pays, réciproquement, les tarifs douaniers sur des produits naturels et accordent aux Améri- cains le droit de pêche près des côtes des colonies britanniques de l’ Amérique du Nord. Ils sont même autorisés à accoster sur le littoral pour sécher leurs filets et saler leur poisson. 68