À partir de 1858, les Américains sont autorisés à acheter des terres dans l’île. Cette nouvelle politique relance l’industrie de la pêche qui bénéficie d’importants investissements américains. Grâce à ce nouveau capital, de nombreuses compagnies de pêche surgis- sent dans la colonie. Alors qu’en 1850 on compte seulement cinq entreprises de ce genre, il s’en trouve 37 en 1855, et 89 en 1861‘°. Parmi les investisseurs américains, citons Isaac C. Hall et James H. Myrick qui fondent une pêcherie à «Tignish Run»”°. L’établis- sement Myrick sera désormais le plus important dans cette région. La famille Myrick jouera d’ailleurs pendant longtemps un rôle consi- dérable dans cette industrie et dans l’économie en général. Les nouvelles compagnies qui s’établissent dans les centres acadiens trouvent sur place des pêcheurs et des ouvriers qualifiés. Le réveil de cette industrie se produit juste au moment où les Acadiens commencent à éprouver des difficultés à trouver des terres agricoles pour la nouvelle génération. D’une part, cette expansion offre des emplois et d’autre part, des fermiers acadiens vont pouvoir se livrer à la pêche en vue de payer leur redevance au seigneur’! Après une soixantaine d’années de déplacements et de disputes autour de la question des terres, l’essor de l’industrie de la pêche présage un avenir plus prometteur aux Acadiens. À partir du milieu du XIX° siècle, toutes les colonies maritimes jouissent d’une certaine prospérité. Les Acadiens de l’île bénéficieront dans une certaine mesure de cette prospérité. Des gens de la terre Les Acadiens que l’on retrouve dans l’île après le retour culti- vent, dans la mesure du possible, des jardins potagers. Mais, comme nous l’avons vu, ils ont dû se transformer en gens de la mer. Les activités agricoles étaient donc très limitées. Le premier gouverneur de l’île, Walter Patterson, note De en 1770, les Acadiens n’ont encore cultivé aucune sorte de céréale/? Peu à peu, les Acadiens se consacrent plus sérieusement au défrichage et à la culture de la terre. En 1782, une pétition des Acadiens de Rustico aux autorités gouvernementales indique qu’à cette époque ils tirent de l’agriculture la majeure partie de leur subsistance. Dans ce document, les pétitionnaires sollicitent l’aide du gouvernement parce que leur récolte de grain a été ravagée par les souris ; ils craignent le même sort pour leur récolte de «racines», 69