c’est-à-dire des tubercules/*. Quelques années plus tard, lorsque les gens de Rustico signent des baux au propriétaire Isaac Todd, ils sont tous identifiés comme «fermiers».

Au début du XIX® siècle, John McGregor constate que bon nombre d’Acadiens de l’île s’adonnent presque entièrement à l’agri- culture, ce qui les rend, écrit-il, assez indépendants du point de vue économique. Malgré cela, les Acadiens auront de la peine à renta- biliser leurs efforts. La raison principale en est la pauvreté des ménages causée par les loyers exorbitants et les disputes autour des titres. En outre, l’obligation de déménager, souvent trois ou quatre fois, ne favorise pas le développement agricole.

John McGregor et d’autres témoins de l’époque s’entendent pour dire que les fermiers acadiens ne réussissent pas aussi bien que leurs concitoyens insulaires, qu’ils soient anglais, écossais, loyalistes ou irlandais”*. Mais il faut préciser que, pour l’ensemble des fermiers, la pratique de l’agriculture laisse beaucoup à désirer. Les documents de cette période déplorent les techniques primitives des exploitations agricoles. Les terres nouvellement défrichées produisent bien pendant quelques années mais s’épuisent vite en raison de l’ignorance des fermiers à maintenir la fertilité des sols. Peu d’agriculteurs font la rotation des récoltes et engraissent les sols. Le fumier est rare car les animaux, peu nombreux, paissent dans les bois au lieu d’être gardés dans des pâturages. Les fermiers ne profitent pas encore des engrais de la mer, tels les algues, le poisson et le mussel mud, pourtant si accessibles.

Le cinquième lieutenant-gouverneur de la colonie, le colonel John Ready, arrivé à l’île en 1824, s’intéresse à la promotion de l’agriculture. Il encourage la formation d’une société agricole, la Central Agricultural Society, fondée en 1827%. Entre 1827 et 1842, treize sociétés régionales sont formées, dont une à Cascumpec en 1840 et une autre à Tignish en 184277. Bien que ces deux sociétés soient situées dans des régions vit une importante population acadienne, les fermiers de souche française ne semblent pas parti- ciper à ces mouvements, organisés et dirigés d’ailleurs par les fermiers anglophones les plus aisés.

L'amélioration des techniques agricoles au cours de la première moitié du XIX® siècle s’explique par le développement des sociétés agricoles et surtout par l’arrivée des colons possédant déjà une certaine expérience des travaux agricoles. Selon John McGregor, il s’agit de quelques Loyalistes, de quelques Anglais et d’un petit

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