germes semés. Le blé a un rendement de 20 à 25 par boisseau ensemencé, et l’herbe (le foin) produit une ou deux tonnes l’acre, rendement considéré comme satisfaisant. Célestin Robichaud rapporte aussi que ces Acadiens cultivent le lin, le blé d’Inde, les pois, les petites et grosses fèves, le chou, le concombre et toutes sortes de grains et de racines®. Grâce à Joseph Bouchette, nous savons qu’au début du siècle, la terre à Tignish produit du blé, de l'orge et des pommes de terre en une quantité satisfaisante®?.
À partir de 1845, les fermiers de l’île sont éprouvés par des fléaux qui réduisent le rendement des récoltes. La pomme de terre est frappée d’une maladie et le blé est atteint de rouille et d’une infestation d’insectes. Il en résulte des années difficiles pour la popu- lation.
Le bétail
Au début du Régime anglais, le bétail élevé dans l’île comprend des animaux provenant surtout de l’ancien cheptel acadien**. En 1764, l’arpenteur Samuel Holland note que les quelque 30 familles acadiennes qui vivent dans l’île possèdent une centaine de bovins. Elles ne peuvent néanmoins pas en disposer à leur guise, l’officier britannique en charge au fort Amherst considère ces échappés de la Déportation comme prisonniers de guerre et réclame tous leurs biens*”. John McGregor rapporte que pendant plusieurs années après l’Expulsion, un grand nombre de chevaux vivent en liberté dans l’est de l’île. Par la suite, ils sont domestiqués à nouveau et deviennent de bons chevaux de selle et d’attelage”.
De toute évidence, les troupeaux des fermiers acadiens, et même des premiers colons britanniques, remontent au Régime français. Les animaux sont de race inférieure et généralement mal soignés, surtout si les fermiers ne réussissent pas à engranger suffisamment de foin et d’avoine pour les hiverner convenablement”!. Dans ces cas, il faut les nourrir à la paille une partie de l’hiver.
Dans le récit de son voyage, Célestin Robichaud note que les gens ont des chevaux, des boeufs, des vaches, des cochons et deux races de brebis, dont une qui donne jusqu’à 15 et 16 livres de laine”. Le recensement effectué en 1833 indique que la population de l’île, qui se chiffre à 32 292 âmes, possède 30 000 bêtes à cornes, 50 000 moutons, 20 000 cochons et 6000 chevaux”. Une étude attentive de ce recensement montre que chez les Acadiens, le cheval est plus populaire que le boeuf de trait — contrairement aux préférences
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