dans certains endroits de l’île. Notons enfin que le fermier acadien de Malpèque, locataire du colonel Compton au tout début du siècle, doit inclure un mouton dans sa redevance annuelle” En somme, les fermiers acadiens de cette époque pratiquent une économie de subsistance, car les produits de la ferme suffisent à peine à bien nourrir leurs grandes familles. Si la pauvreté est assez répandue dans leurs foyers, ils se contentent du strict nécessaire et jouissent, apparemment, d’une bonne santé. John Lawson fait remarquer, vers 1850, que les Acadiens réussissent à élever une grande famille avec les moyens qui suffiraient à peine à faire vivre un seul anglophone. Certaines années de mauvaises récoltes, la farine manque pour faire le pain et autres aliments de base mais on évite la famine grâce aux produits de la mer et de la chasse. La forte solidarité communautaire amène les gens à s’entraider et parfois à partager leurs ressources. Cette entraide se manifeste d’une façon très concrète le jour de la Chandeleur. En effet, le 2 février les jeunes hommes font du porte-à-porte et distribuent le produit de leur quête aux plus démunis du village. En général, les gens contribuent des produits tels que farine, pommes de terre, viande et autres aliments de base?’ Une Église démunie Le traité de Paris de 1763 garantit aux Acadiens et aux autres colons français le libre exercice de la religion catholique, mais seule- ment dans le contexte des lois de la Grande-Bretagne”#. Or, à cette époque, les droits des catholiques en Angleterre sont très restreints : ils sont exclus du Parlement et privés du droit de vote, et du droit d'acquérir ou d’hériter de la propriété foncière”. Toutes ces restric- tions, et d’autres encore, sont retenues par les gouvernements mis en place par les Anglais après la conquête, comme celui de l’île formé en 1770/%, Mais ces contraintes sont levées graduellement, afin de permettre aux catholiques de jouir de plus de droits civiques. À l’Île-du-Prince-Édouard, une modification à la loi, en 1786, accorde aux catholiques le droit de posséder une propriété ; ce n’est cependant qu’en 1830 qu’ils obtiennent le droit de vote et le droit de siéger à la Législature!°!. Pendant le Régime français, les catholiques acadiens relevaient du diocèse de Québec, seul siège épiscopal en Amérique du Nord. La conquête ne modifie pas cette situation. Cependant, lorsque Mgr de Pontbriand meurt en 1760, six ans s’écoulent avant que les auto- 73