d’obtenir pour quelque temps le ministère du Père Bailly, domicilié à Halifax ou du Père de la Brosse qui doit se rendre jusqu’à la baie des Chaleurs. Il les avertit bien cependant que l’autorisation préa- lable du gouverneur d’Halifax sera indispensable avant d’inviter aucun missionnaire chez eux. Il leur annonce, dans cette même missive, qu’il fait instruire en France quatre Acadiens dont deux seront bientôt ordonnés prêtres. «Peut-être, leur donne-t-il espoir, en aurez-vous un résident qui sera même de votre nation! %.» Mgr Briand se dit très sensible à leurs besoins spirituels, et il les implore de mener une vie saine : Plusieurs de vos jeunes gens n’ont point vu célébrer le Saint Sacrifice de la Messe, ne se sont point confessés, n’ont point reçu l’Adorable Sacrement de l’Eucharistie, et conséquemment ne connaissent leur religion qu’en idée et qu’en paroles. C’est bien peu et trop peu même pour former en eux les attachements invincibles à la religion que nous voyons avec tant d’admiration et de contentement dans les anciens Acadiens. [...] Comme vous ne pouvez recourir à la confession et que vous êtes exposés à mourir sans sacrements, veillez bien sur vous-mêmes. Cette considération doit je pense, faire une grande impression sur vous. 107 Les Acadiens devront attendre jusqu’en 1770 avant d’accueillir leur premier prêtre. Il s’agit de l’abbé James MacDonald qui arrive avec un groupe de familles écossaises fuyant la persécution reli- gieuse dans leur pays. Mgr Briand s’empresse d’accorder la juri- diction nécessaire à ce membre du clergé qui, connaissant plusieurs langues, saura oeuvrer non seulement auprès de ses compatriotes écossais mais aussi auprès des Acadiens de l’île. La mort prématurée du Père James MacDonald, en 1785, crée un vide chez les catholiques insulaires car l’épiscopat canadien n’a toujours pas les moyens d’envoyer un prêtre résidant. Mais pour combler cette lacune, l’évêque confère à un Acadien de Rustico, Jean Doucet, le pouvoir de baptiser et de recevoir les consentements de mariages, partout dans l’île, en l’absence de missionnaires!'®, Entre-temps, les Acadiens des Maritimes accueillent parmi eux l’abbé Joseph-Mathurin Bourg, premier prêtre d’origine acadienne, instruit en France et ordonné à Québec par Mgr Briand en 1772. L’année suivante, il commence à exercer son ministère en qualité de vicaire général des Provinces Maritimes. Il doit donc parcourir toute la région maritime et ne fait que de rares visites à l’Île-du- Prince-Édouard'®?. De 1785 à 1790, à part les quelques visites de l’abbé Bourg, 76