les Acadiens de l’île doivent se contenter du ministère d’autres missionnaires provenant d’Arichat, au Cap-Breton, de la baie Sainte- Marie, en Nouvelle-Écosse, et de Memramcook!!°, Ce n’est qu’en 1790 que l’île reçoit son deuxième prêtre résidant. Il s’agit de l’abbé Angus Bernard MacEachern, d’origine écossaise, qui deviendra le premier évêque du diocèse de Charlottetown après trente et un ans d’apostolat missionnaire. L’abbé MacEachern possède une certaine connaissance de la langue française et se consacre beaucoup aux missions acadiennes, au grand mécontentement des Ecossais qui se voient souvent privés de leur prêtre et qui estiment as les Acadiens ne contribuent pas suffisamment à son entretien!!!. À plusieurs reprises, l’abbé MacEachern et ses compatriotes se déclarent déçus par la modicité de l’aide de l’évêque de Québec aux Acadiens en particulier et à la communauté catholique insulaire en général. C’est en effet un problème délicat pour le prélat dont les ressources sont insuffisantes pour satisfaire les demandes incessantes des nombreuses missions de son vaste diocèse. Il doit en outre faire montre d’une certaine discrétion dans l’affectation de ses prêtres dans le service aux colonies placées sous l’autorité de gouverneurs protestants. En 1798, une autre délégation acadienne de l’Île-du-Prince- Édouard se présente à l’évêché de Québec pour réclamer un prêtre de langue française. Mgr Joseph-Octave Plessis promet de faire les démarches nécessaires, car il semble avoir l’appui du gouverneur Fanning pour faire immigrer un prêtre réfugié de la France révolutionnaire! 2, De ce fait, en 1799, deux prêtres français arrivent dans l’île en provenance de l’ Angleterre : l’abbé Jacques-Ladislas- Joseph de Calonne et l’abbé Amable Pichard. Comme beaucoup d’autres prêtres, ils ont fui la France pendant la Révolution. En arrivant à l’île, ces prêtres découvrent l’éparpillement de la communauté catholique composée de Micmacs, d’Acadiens, d’Ir- landais et d’Écossais. L'abbé de Calonne écrit que «les Français sont ceux auxquels nous pouvons être le plus utiles et ce sont ceux qui auraient le besoin le moins pressant de nos soins! !*». Il constate qu’ils sont très instruits de leur religion et fidèles à accomplir leurs devoirs religieux. Ces prêtres français se partagent alors le ministère avec le Père MacEachern. Le Père Pichard élit domicile à Rustico et se charge des trois missions acadiennes de Malpèque, Rustico et Baie-de-Fortune, tandis que le Père de Calonne, parlant l’anglais, s’occupe des catholiques de Charlottetown! !#. L’abbé Pichard ne demeure que quatre ans dans l’île car il est 77