jamais faire alliance avec aucune autre, en sorte que dans chacun de ces lieux vous n’y trouverez personne qui ne soit cousin plus ou moins proche et comme il n’y a pas plus de quarante ans qu’ils sont ainsi établis le degré de parenté est encore très proche. Je ne puis désapprouver l’aversion qu’ils ont pour s’allier avec les Anglais, Écossais ou Irlandais, leurs voisins parce qu’il en est résulté qu’ils ont conservé intact leur foi, leurs moeurs et leur piété. Ils ne peuvent guère s’allier entre les trois établissements parce qu’ils sont trop éloignés pour se connaître. Il en résulte que tous les mariages se font entre parents, et jusqu’au moment de mon arrivée on les mariait sans difficulté du trois au trois. Soit que les premiers missionnaires en eussent le pouvoir ou crussent l’avoir, en sorte que j’excitai de grandes murmures lorsque l’année dernière je refusai de le faire. 7 Le problème s’aggrave aussi par le fait que les gens n’ont pas toujours, non plus, les moyens de payer les tarifs établis par l’évêché. Aux problèmes exposés par le Père de Calonne, Mgr Plessis répond que la souplesse est recommandée dans des circonstances pareilles afin d’éliminer le risque d’alliance des Acadiens à des gens de quelque autre religion. Il lui suggère aussi de ne pas être trop exigeant en fait de tarifs de dispenses lorsque la pauvreté est grande. Il l’informe aussi de l’usage, dans le diocèse, d’exiger quelques prières ou bonnes oeuvres des personnes incapables de payer!'#. Les missionnaires éprouvent souvent des difficultés à faire chan- ger certaines coutumes bien enracinées dans les moeurs de leurs ouailles, longtemps dépourvues de prêtres. Mgr Plessis n’approuve pas qu’on ondoie tous les nouveau-nés sans se préoccuper de savoir si leur état de santé l’exige. Il n’approuve pas non plus que cette fonction soit exécutée par n’importe qui. Mais son missionnaire, le Père Beaubien, ne réussit pas facilement à faire abandonner cette pratique bien ancrée chez les gens. Il écrit, en octobre 1812, peu de temps après son arrivée dans l’île : Encore une autre chose ce sont les enfants que votre grandeur défend de baptiser sans danger ; tout le monde crie. Les femmes disent qu’elles ne peuvent pas vivre comme cela qu’un enfant meurt sans qu’on s’en apperçoive. Pour moi je ferai ce que votre grandeur m’ordonnera. Mais s’il fallait qu’un enfant mourût comme cela je crois que j’en serais chagrin toute ma vie. !?? L’extrême pauvreté des gens est un autre problème que les missionnaires doivent envisager. À Rustico, la pauvreté est telle, en 1818, que les paroissiens n’arrivent même pas à entretenir la lampe du sanctuaire, donc ne peuvent conserver le Saint Sacrement dans l’église d’une façon permanente! #. Dans un tel contexte écono- mique, l’organisation paroissiale se révèle difficile. La construction 82