des églises, la dîme et la vente des bancs soulèvent de sérieux problèmes, autant chez les paroissiens que chez les missionnaires. Une population à instruire L’instruction institutionnalisée chez les Acadiens de l’Île-du- Prince-Edouard ne remonte qu’au début du XIX® siècle. Pendant le Régime français, il ne semble pas y avoir eu d'institution d’ensei- gnement à l’île. Quelques colons savent lire et écrire, mais la plupart des cultivateurs et des pêcheurs sont illettrés!?. Ce n’est pas une situation exceptionnelle, car la paysannerie, autant en Europe que dans les colonies de l’ Amérique, est très peu instruite à l’époque. Au cours du demi-siècle qui suit la Déportation, les membres du clergé sont à peu près les seuls à pourvoir à l’éducation des Acadiens de l’île. Malgré l’énormité de leur charge et l’irrégularité de leur présence dans les diverses communautés, ces premiers prêtres assurent un enseignement minimum, se consacrant avant tout à l’éducation religieuse. La première tentative d’établir une école pour les Acadiens insulaires aboutit à un échec. En effet, l’abbé de Calonne propose au gouvernement le projet d’une école française à Char- lottetown en 1799. Mais son projet ne reçoit pas l’assentiment des autorités anglaises de Londres qui demeurent fidèles à leur politique de faire disparaître graduellement la langue française de leurs colonies!30 La première véritable école acadienne ouvre vers 1815, à Rustico, grâce à l'initiative du jeune missionnaire québécois, l’abbé Jean- Louis Beaubien. À l'automne de 1814, il fait part à son évêque de son intention d’ouvrir une école dans le but de donner une éducation à la jeunesse. Il écrit : Je crois qu’un moyen certain pour élever la jeunesse dans la piété c’est de la faire instruire autant que possible. C’est pour cela que je vais entreprendre de faire bâtir une école et, comme je n’ai point de maître tel que je désirerais, j'y mettrai mon garçon, qui sait assez bien lire, commence à écrire et à faire les règles ; en suite j’y veillerai moi même du mieux possible. !*! Le garçon mentionné dans cette lettre est François Buote, un jeune homme de Rustico qui habite chez l’abbé Beaubien. Le 3 janvier 1816, il écrit de nouveau à son évêque, disant simplement : «Mon école est ouverte. Il n’y a pas encore un and nombre d’éco- liers. Vers le printemps nous en aurons plus!? 83