On ne connaît rien du sort de cette école. Il est possible qu’elle ait fonctionné pendant plusieurs années. On sait cependant que Fran- çois Buote, considéré comme le premier instituteur acadien de l’île, a fait carrière dans l’enseignement. De Rustico, il est allé faire la classe à Miscouche et ensuite à Tignish il a pris sa retraite vers 1857, après de longues années de services précieux rendus à ses concitoyens!#.

Une autre école acadienne ouvre ses portes peu de temps après celle de Rustico. En 1816, un jeune Breton, du nom de Dominique Charles Auffray, s’installe dans la région de Tignish il fait la classe pendant trois ans!%.

Malgré les efforts de quelques individus, la majorité des Acadiens demeure illettrée pendant longtemps. Vers 1830, John McGregor, ancien membre de l’Assemblée législative de l’île, écrit que les Acadiens sont presque entièrement dépourvus d’instruction. Il note aussi que la plupart des hommes comprennent la langue anglaise, mais il ajoute que le français, à son avis, demeurera encore long- temps leur langue maternelle! *, I] faut noter que l'instruction des enfants préoccupe peu les colons, qu’ils soient acadiens, écossais, anglais ou irlandais. La vie est dure à cette époque du défrichage ; ce qui compte avant tout, c’est le travail manuel. D’ailleurs, tant que l’entretien des écoles et les salaires des maîtres dépendent entiè- rement des parents, l’éducation demeure un luxe.

Un système scolaire se forme

Jusqu’en 1825, les quelques écoles qui existent dans l’île fonc- tionnent sans aide financière du gouvernement. Cette année-là, la Législature de la colonie vote une somme d’argent destinée à encou- rager l'établissement d'institutions scolaires", À partir de cette date, le gouvernement insulaire prend un intérêt grandissant à à l’édu- cation de ses citoyens. En 1830, par exemple, il crée un Bureau d’Éducation de cinq membres chargé de décerner les brevets d’en- seignement et alloue 590 livres à l’entretien des écoles!*?. L'année suivante, la trésorerie publique contribue aux frais de fonctionne- ment de trois écoles de «grammaire» (Grammar Schools) et de quatorze écoles de «districts» !%8,

La loi scolaire de 1834 précise les modalités du système d’en- seignement qui se développe dans la colonie. Cette loi établit trois catégories d’instituteurs pour les districts scolaires. Les enseignants dits de «première classe» doivent être suffisamment compétents pour

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