qu’ils puissent être augmentés selon la générosité des contribuables. Aux termes de la nouvelle loi, l’instituteur n’a plus le droit de perce- voir des frais de scolarité des élèves. La mise en vigueur de cette loi se traduit par un doublement du nombre d’écoliers dans l’île en l’espace de deux ans!“ . Il faut dire, cependant, que la fréquentation de l’école n’est toujours pas obligatoire et beaucoup de parents gardent leurs enfants à la maison.
Les écoles acadiennes
Les Acadiens bénéficient des subventions gouvernementales destinées à l’éducation dès 1830. Cette année-là, Joseph Arsenault, de Baie-Egmont, reçoit pour son année d’enseignement une contri- bution de sept livres 10 shillings'#. L'année suivante, le gouver- nement vote, pour la première fois, une somme de 36 livres spécia- lement à l’intention des instituteurs «méritants» des établissements acadiens. Cet acte législatif spécifie qu'aucun de ces enseignants ne pourra toucher plus de six livres de cette subvention!*. Plus tard cette somme sera diminuée à cinq livres par enseignant. Ce montant est inférieur à celui que reçoivent les instituteurs des écoles rurales anglaises de la colonie. Effectivement, les autorités gouvernemen- tales considèrent les instituteurs des écoles acadiennes, et les écoles elles-mêmes, différents et inférieurs aux autres, car l’enseignement se fait presque exclusivement en français. Pour enseigner dans cette catégorie d’écoles, un instituteur n’est pas obligé d’avoir un brevet du Bureau d'Education. Au fil des années, quelques écoles dirigées par des instituteurs acadiens sont toutefois promues au rang d’écoles de première classe lorsque l’enseignant est jugé compétent à bien enseigner la langue anglaise et qu’un nombre important de ses élèves l’étudient.
À l’époque de ces premières contributions financières gouver- nementales, c’est-à-dire au début des années 1830, six écoles acadiennes fonctionnent. Voici la liste de leurs maîtres : John Richard Bott, Rustico ; Jacques Pitre, Wheatley River (Rustico) ; Placide Arsenault, Abram-Village ; François Buote, Belle Alliance (Miscouche) ; Pierre Dollard, Tignish ; et J. Arsenault (Magitte), St-Joseph (St-Chrysostome)!#. Parmi ceux-ci, John Richard Bott, et probablement aussi Pierre Dollard, sont originaires d'Europe alors que les autres sont de l’île!*’. Le nombre des écoles françaises demeure pratiquement le même pendant une vingtaine d’années.
D’après les rapports du surintendant scolaire de l’époque, les
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