Acadiens refusaient toujours de donner une éducation anglaise à leurs enfants. En parlant des écoles acadiennes de la région de Tignish, l’inspecteur John McNeill fait les remarques suivantes en 1845 : Dans celles-ci, comme dans toutes les écoles acadiennes de l’île, à l’exception de celle sur le Lot 17 (Miscouche), ci-haut mentionnée, l’instruction se donne en bonne partie ou même totalement dans la langue française. Quelques-uns lisent l’anglais, l’apprenant par le biais de la traduction. Ces écoles sont cependant utiles car elles sont les seules qui reçoivent l’appui de cette partie de la population qui, par un préjugé qu’elle maintient, ne veut pas faire instruire ses enfants dans une école purement anglaise. !* L’inspecteur est impressionné par l’efficacité de l’enseignement qui se donne à l’école de Miscouche par Joseph F. Gaudet, titulaire d’un brevet d’instituteur de première classe. L’inspecteur constate qu’en plus du français, Joseph F. Gaudet enseigne régulièrement les mathématiques et la grammaire anglaise. Il note aussi que trois élèves de cette école se préparent à une carrière dans l’enseignement. Monsieur McNeill suggère que l’instituteur Gaudet soit en droit de recevoir une rémunération égale aux salaires combinés d’un ensei- gnant d’école de district et d’école acadienne, car il assume, selon lui, le travail des deux!*?. Un important amendement à la loi scolaire touchant le personnel enseignant acadien est adopté en 1847. Cette modification vise à un contrôle plus strict de la compétence des maîtres d’école acadiens. Jusque-là peu de règlements existaient! L’amendement stipule que l’instituteur de l’école acadienne doit être de religion catholique et qu’il doit obtenir son brevet d'enseignement du prêtre de l’endroit. De son côté, le prêtre doit attester que le candidat est capable d’en- seigner efficacement en français, qu’il peut aussi enseigner la lecture et l’écriture dans la langue anglaise, qu’il est de bonne moralité, etc.!5! Cette tâche est sans doute confiée au clergé parce que les membres du Bureau d’Éducation ne sont pas en mesure d'évaluer la compétence en français des candidats. Par cette même législation, le gouvernement porte à 10 livres sa contribution annuelle au salaire du maître acadien. Son salaire reste néanmoins inférieur à celui des enseignants qualifiés pour enseigner dans les écoles de première et de deuxième classe. Ces derniers reçoivent maintenant, selon la nouvelle disposition, 15 et 20 livres respectivement. Graduellement, la langue anglaise est enseignée de plus en plus dans les écoles acadiennes, ce qui, aux yeux de l’inspecteur McNeill, 88