rend ces maisons d’enseignement beaucoup plus utiles. Il est heureux de constater, dans son rapport de 1847, que les Acadiens prennent beaucoup plus d’intérêt à l’apprentissage de la langue du pays : Ces écoles s’améliorent visiblement et deviennent de plus en plus utiles ; le préjugé qui existait auparavant chez cette partie de la population, à l’égard de l’instruction dans une langue autre que la leur, disparaît graduellement. La lecture anglaise est maintenant régulièrement enseignée dans presque toutes ces écoles. Quand un Acadien commence à apprendre cette langue, on lui explique en français la signification des mots anglais de la leçon. De cette manière, il est bientôt capable de lire l’anglais, et même de le parler. Ainsi, il acquiert une connaissance des deux langues, et même les rudiments des autres matières élémentaires, et ce, dans un laps de temps peu supérieur au temps nécessaire pour n’apprendre que le français. !°? Pendant longtemps, aucune loi n’oblige les instituteurs à ensei- gner de l’anglais dans les écoles acadiennes. Mais en 1854, un amendement à la loi scolaire force les instituteurs, sous peine de perdre leur salaire du Trésor public, à enseigner en anglais des classes de lecture, d’écriture et d’arithmétique!*. D’après les rapports de l’inspecteur d’écoles pour les années subséquentes, ces sujets sont enseignés surtout aux élèves les plus avancés. Au moment où l'intégration de l’anglais dans le programme devient obligatoire, il existe dans l’île 13 écoles acadiennes. Celle d’Abram-Village, à titre d'exemple, est dans un état satisfaisant, aux yeux de l’inspecteur. Il trouve, lors de sa visite, que 41 des 52 élèves inscrits au registre sont présents. Il note que tous les élèves apprennent à lire, dont 18 en anglais. Leur aptitude dans ce domaine est passable ; par ailleurs, il trouve parfaites leurs aptitudes en ortho- graphe. Dans les autres matières, 15 apprennent à écrire et 8 étudient la grammaire, dont 7 la grammaire française. L’inspecteur ne donne pas le nombre d’élèves qui étudient l’arithmétique, mais il observe que les connaissances acquises dans cette discipline sont louables. Il écrit en dernier lieu que cette école française, se transformant progressivement en une école anglaise, devient de plus en plus efficace! *. L'efficacité dans ce cas équivaut sans doute à l’adoption du programme d’enseignement des écoles anglaises. Le clergé exerce une forte influence sur les écoles acadiennes, tant au plan des matières enseignées qu’au plan du choix des insti- tuteurs. À Tignish, par exemple, le curé Peter Mcintyre surveille de près le fonctionnement de ces écoles de langue française. Il réussit à y introduire plus d’anglais, voulant éventuellement faire des écoles 89