acadiennes, des écoles de «district», c’est-à-dire, de première classe!*®.

Les manuels utilisés pour l’enseignement aux Acadiens ont un contenu plutôt religieux. Les commandes de livres que les prêtres font par l’intermédiaire de l’archevêché de Québec nous donnent une indication des matières enseignées à l’époque. En 1845, le Père Sylvain-Ephrem Poirier demande à Mgr Charles-Félix Cazeau, secrétaire de l’archevêque, des Alphabets Français et des Abrégés de l’histoire Sainte'Ÿ. Quelques années plus tard, Mgr Bernard- Donald MacDonald, évêque du diocèse de Charlottetown qui réside à Rustico, commande à son tour des manuels pour les écoles acadiennes de Mgr Cazeau. Il obtient à cette fin un prêt de 20 livres du gouvernement de l’île. Il demande alors quelques exemplaires du Syllabaire, une copie du Nouveau Traité des devoirs du Chrétien en usage chez les Frères des écoles chrétiennes, une douzaine de petites grammaires françaises et deux douzaines de petits livres de géographie!°?.

Les manuels scolaires sont peu nombreux à l’époque ; les écoles n’en possèdent souvent qu’un seul exemplaire. Le Père Poirier témoigne de cette pénurie de livres lorsqu'il écrit à Mgr Cazeau en 1846 :

J'étais à la veille de t’écrire au sujet de mes livres attendus avec grande avidité depuis le retour du printemps. Je suis bien satisfait de les voir en route pour l'Île, et je le serai encore davantage lors qu’ils y terriront, vu le grand besoin qu’en éprouvent nos écoles. 8

La fréquentation de l’école

En 1843, alors que la population acadienne de l’île est d’environ 5000 âmes, seuls 150 enfants fréquentent les écoles acadiennes!*?. Leur nombre augmente sensiblement après la loi scolaire de 1852, laquelle rend l'instruction publique d’accès plus facile. Ainsi, en 1855, 781 jeunes Acadiens et Acadiennes sont inscrits dans les écoles! ®°.

Dans cette première moitié du XIX® siècle, la faible fréquen- tation scolaire est avant tout liée à la situation matérielle des colons. Leur grande pauvreté ne leur permet pas de contribuer à l’entretien d’une école, quelque modeste fut-elle. La priorité pour ces pionniers est de se procurer les moyens de subsistance ; l’instruction de leurs enfants viendra plus tard. La disette de 1849, causée par la perte des récoltes, contraint plusieurs écoles acadiennes à fermer leurs

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