portes pour la simple raison que les contribuables n’arrivent pas à recueillir assez d’argent pour payer leur part du petit salaire de
l’instituteur'f!.
Pour l’ensemble de la population scolaire de l’île, la moyenne d’âge des écoliers pendant cette période difficile est très faible. Un enfant entre ordinairement en classe vers l’âge de sept ou huit ans mais poursuit rarement ses études après avoir atteint ses treize ou quatorze ans!®?, L’assiduité est aussi un problème de taille. L’ins- pecteur John McNeill écrit en 1843 qu’une moyenne de 13 élèves sur 20 fréquentent régulièrement l’école. Les parents ne se gênent nullement, fait-il remarquer, de garder leurs enfants à la maison lorsqu'ils en ont besoin, surtout au temps des semences et des récoltes, c’est-à-dire du mois de mai au mois d’octobre!$%. Ce problème cause bien des ennuis aux instituteurs incapables de suivre un programme d’enseignement régulier dans des conditions si peu stables.
Les instituteurs
La qualité de l’enseignement dans ces petites écoles est liée, dans une certaine mesure, au degré de compétence des instituteurs. Ce sont presque tous des hommes, trop souvent peu instruits en pédagogie. Même s’ils le sont, leurs conditions de travail ne faci- litent pas leur tâche. En effet, le matériel d'enseignement fait défaut, les écoles sont mal entretenues, la fréquentation est irrégulière, l’in- térêt des parents demeure réduit et, enfin, les salaires sont très bas. En règle générale, l’instituteur demeure le fonctionnaire le moins rémunéré et le plus sous-estimé!$4.
Au début, faute de ressources financières, les instituteurs sont logés et nourris par les gens du district à tour de rôle. Cette pratique n’est pas de nature à rehausser l’image de cette importante profes- sion, comme l’exprime l’inspecteur John McNeill :
Je dois aussi faire mention d’une autre pratique beaucoup trop populaire dans le pays, laquelle je conçois comme étant extrêmement dommageable à la respectabilité du maître aux yeux de ses élèves et, conséquemment, nuisible à son utilité. Je parle ici de cette pratique qui oblige l’instituteur à aller de porte en porte pour y prendre sa pension. Dans une telle situation, il est considéré peu plus qu’un simple domestique par les parents et les enfants. !°
Dans le cas des instituteurs des écoles acadiennes, la situation est peut-être encore plus déplorable. Le recrutement d’enseignants
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