compétents est évidemment difficile car il n’existe pas d’école supé- rieure où l’aspirant instituteur acadien puisse recevoir une formation en français. Le contribuable doit donc, le plus souvent, se contenter de personnes capables de se débrouiller tant soit peu avec les éléments de base de la lecture, de la grammaire, de l’écriture et de l’arith- métique.
Un peuple à part
Au cours du demi-siècle qui suit la Déportation, les Acadiens cherchent à se refaire un pays et à reconsolider leur société dispersée à travers le monde. Ceux qui reviennent s’installer dans l’île Saint- Jean se butent à un système foncier qui leur cause mille misères et les contraint à se déplacer à plusieurs reprises. La population acadienne est ainsi divisée et dispersée en petits groupes, à l’inté- rieur et à l’extérieur de l’île. Ces déplacements affaiblissent la concentration démographique et géographique de la communauté acadienne qui devient de plus en plus cernée, voire entremêlée de gens d’une autre culture et d’une autre langue.
L’assimilation culturelle et linguistique n’est cependant pas encore d’actualité. En définitive, jusque vers le milieu du XIX® siècle, l’ensemble de la population acadienne de l’île réussit assez bien à se fermer aux influences culturelles étrangères qui l’entou- rent, malgré son éparpillement en petites communautés relativement isolées les unes des autres. Ces gens tiennent mordicus à leur langue et ne semblent pas intéressés à ce que les enfants apprennent l’an- glais à l’école. À compter des années 1810, ils ont leur propre système d’enseignement primaire où l’étude de la langue anglaise tient une très petite place!%. Fervents catholiques, les Acadiens placent leur système d’éducation entre les mains de leurs prêtres en qui ils semblent avoir grandement confiance.
Physiquement, les Acadiens se distinguent des autres colons de l’île par un mode d’habillement particulier. Il s’agit d’un costume traditionnel hérité de la France auquel ils tiennent fermement. Le contrôle social est d’ailleurs tellement fort dans leurs villages qu’il empêche tout changement dans la tenue vestimentaire et les autres coutumes. C’est ce dont témoigne John McGregor, écrivain anglais qui demeure quelques années dans la colonie :
Deux principaux facteurs retiennent certains Acadiens prêts à modifier leur habillement et leurs habitudes. D’abord, la peur d’être exposés à la risée de
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