leurs compatriotes, en essayant d’imiter les colons anglais, d’autre part, le manque d'éducation qui les empêche de surmonter leurs préjugés. 15? On sait l’attachement des Acadiens pour leurs méthodes de culture traditionnelles. Ils hésiteront donc longtemps avant d’adopter les techniques agricoles plus avancées de leurs voisins anglais, écossais ou autres. Leur échelle de valeurs diffère profondément de celle des anglo- protestants chez qui le travail et l’enrichissement sont non seulement prisés mais même prioritaires tandis que les loisirs tiennent peu de place dans leur société. Catholiques pratiquants, les Acadiens obser- vent scrupuleusement leurs nombreuses fêtes religieuses chômées. On comprend alors la raison du jugement sévère porté sur eux par les observateurs anglais, tel S. S. Hill qui écrit dans les années 1830 : Ils constituent, en fait, un peuple spontané et insouciant. À l’instar des Indiens, ils préfèrent de beaucoup les moments récréatifs au dur labeur. La situation est telle que, compte tenu de toutes les fêtes religieuses chômées, de tout le temps passé à la chasse ou à d’autres distractions, ils perdent probablement environ un cinquième de l’année. !55 L'auteur s’empresse d’ajouter, cependant, que les Acadiens sont des gens heureux et contents de leur sort. Il note aussi qu’ils ont en abondance tout ce qui constitue les nécessités de la vie!®. D’autres écrivent que les Français de l’île sont des travailleurs acharnés, difficiles à surpasser, mais qu’ils ne réussissent pas à devenir pros- pères car ils s’adonnent à une trop grande variété d’activités' 7°. On mentionne aussi que les Acadiens ne cherchent pas à monter dans l'échelle sociale, mais préfèrent demeurer de simples paysans!?!. Cela est tout à fait compatible avec leur mentalité, caractérisée par un grand esprit de solidarité communautaire où l’entraide, et non le profit personnel, est honorée. Pendant longtemps, les communautés acadiennes demeurent relativement isolées et autosuffisantes. Elles semblent à la recherche d’une certaine indépendance, comme nous l’indique une pétition des gens de Rustico, en 1792, dans laquelle ils demandent au gouverneur de l’île la permission de s’abstenir de contribuer finan- cièrement au programme d’assistance publique parce qu’ils s’oc- cupent de leurs propres indigents!?2. Ce désir de traiter leurs propres affaires et de se soustraire à 93