La transformation des valeurs culturelles La communauté acadienne de l’Île-du-Prince-Édouard subit d'importants changements au cours de la période 1860-1890. Ces années correspondent à une renaissance acadienne qui se fait sentir dans les Provinces Maritimes. Aïnsi on fonde à Memramcook (Nouveau-Brunswick), en 1864, le premier collège acadien, le Collège Saint-Joseph, et on publie à Shédiac (Nouveau-Brunswick), en 1867, le premier journal de langue française, Le Moniteur Acadien. Durant les années qui suivent, d’autres journaux ainsi que des collèges acadiens et plusieurs couvents voient le jour. C’est à cette époque que les Acadiens commencent petit à petit à s’engager dans la poli- tique, le commerce et les professions libérales. Le patriote acadien Pascal Poirier, évoquant ce réveil des Acadiens, écrit en 1880 : S’ils ont joué jusqu'ici un rôle effacé dans la politique du pays, c’est qu’ils étaient isolés et sans instruction supérieure aucune ; depuis qu’ils ont des maisons d’éducation, qu’ils peuvent apprendre l’histoire de leur pays, et qu’ils commencent à se connaître, ils sortent des derniers rangs et s’avancent hardi- ment vers les premiers. Cette époque est aussi marquée par la tenue des trois premières grandes Conventions nationales des Acadiens à Memramcook (1881), à Miscouche (1884) et à Pointe-de-l’Eglise (1890). Lors de ces importants congrès, on discute des moyens à prendre pour favoriser l’avancement du peuple acadien et la conservation de sa culture. Du côté de l’Île-du-Prince-Édouard, il se forme au cours de ces années une petite classe dirigeante acadienne, d’assez bonne éduca- tion et fortement influencée par le clergé catholique. Les leaders de cette nouvelle génération n’acceptent plus que le peuple acadien fasse bande à part et qu’il demeure un groupe défavorisé. Ils se donnent alors comme mission d’élever les Acadiens au même rang que les anglophones de l’île dans le domaine social, économique 97