de recevoir du gouvernement une somme de 5 livres en sus de son salaire régulier, pour autant que le district scolaire lui en verse un montant égal“.

Malgré des protestations adressées au Bureau d’Éducation, les manuels scolaires à contenu religieux sont tolérés dans les écoles acadiennes jusqu’en 1877, simplement parce qu’au Canada des manuels français appropriés sans contenu religieux n’existent pas“. On trouve dans ce fait un autre lien exemplaire entre la langue et la foi.

Les difficultés éprouvées par les écoles acadiennes relèvent, comme on l’a vu, non seulement de la langue d’enseignement et de la formation des instituteurs, mais aussi de la religion. Comme nous l’avons indiqué plus haut, le débat sur l’enseignement de la religion dans les écoles a déchiré la province pendant assez long- temps. La loi scolaire de 1877 règle la question dans la mesure les écoles publiques doivent être non confessionnelles et les manuels scolaires uniformes. Les livres français utilisés dans les écoles acadiennes sont donc retirés. Cependant, la loi laisse en suspens toute la question de l’éducation en français.

La loi scolaire de 1877 ne saurait laisser l’évêque Peter Mclntyre indifférent. En effet, il organise une grande campagne de contes- tation dans le but de défendre les droits des écoles acadiennes. Selon son interprétation des anciennes lois scolaires, les écoles acadiennes ont légalement le droit d’enseigner la religion catholique et la langue française. En d’autres termes, les écoles acadiennes sont des écoles séparées. D’après Mgr Mclntyre, la loi scolaire de 1877 va donc à l’encontre de l’Acte de l’ Amérique du Nord britannique qui proté- geait les droits acquis, en matière d'éducation, des catholiques insu- laires avant l’entrée de l’île dans la Confédération canadienne en 1873.

L’évêque fait de nombreuses démarches personnelles afin de contester cette loi scolaire. Il incite aussi les Acadiens à adresser une requête à Ottawa pour demander justice ; il leur demande égale- ment de contester la loi en gardant leurs écoles fermées. Les Acadiens suivent les recommandations de leur évêque et commencent un boycottage des écoles publiques. Mais la cause est vite perdue : le gouvernement de l’île réussit à prouver que les lois scolaires, surtout depuis 1863, placent les écoles acadiennes sur le même pied que toutes les autres écoles publiques de la province“. La seule conces- sion que les Acadiens gagnent par cette action est d’obtenir une

114