série de livres de lecture bilingues. Il s’agit, cependant, d’un succès très relatif : l’inspecteur William McPhail apprécie ces livres parce qu’ils facilitent la traduction, c’est-à-dire l’apprentissage de l'anglais“. La fondation d'institutions privées L’élite acadienne, vouée à la défense du statut spécial des écoles acadiennes, s’avère impuissante devant les gouvernements. Souli- gnons qu’aucun Acadien ne siège à l’Assemblée législative, en 1863, lorsqu’est adopté l’amendement à la loi scolaire mettant fin à ce statut particulier. Devant cette impasse, le clergé prend les initiatives et crée des écoles catholiques privées en milieu acadien. Ce sont d’abord les curés Belcourt et Quévillon qui s’en font les promoteurs et les réalisateurs. Le Père George-Antoine Belcourt est un prêtre dynamique et décidé. Il reconnaît la nécessité d’une institution capable de former des instituteurs bilingues dans l’île. Il veut aussi contourner les amendements à la loi scolaire qui, d’après lui, sont conçus dans le but d’angliciser les Acadiens. Ainsi, en 1862, le Père Belcourt ouvre une école secondaire à Rustico en vue de former des maîtres acadiens. Il choisit les meilleurs élèves de sa paroisse pour son école et engage comme instituteur Israël J.-D. Landry, un jeune homme originaire de Montréal qui deviendra le fondateur du Moniteur Acadien en 1867. Les matières enseignées dans cette école «modèle»“ sont le français, le latin, le grec, les mathématiques, le plain-chant, la musique“? et, selon toute probabilité, l’anglais. Puisque l’école ne peut pas bénéficier des octrois du gouvernement, l’instituteur est rémunéré grâce à des contributions locales et des dons que le Père Belcourt obtient de l’empereur Napoléon III. L'école de Rustico connaît d’heureux résultats. En l’espace de deux ans elle réussit à former un corps enseignant suffisamment nombreux pour répondre aux besoins de toutes les écoles acadiennes insulaires. Fier du succès de son école et de son maître, le curé de Rustico écrit à Rameau : .… ce maître pendant deux ans tint ici une école modèle et forma des maîtres d’écoles capables d’enseigner dans les deux langues d’une manière supérieure à la capacité des maîtres anglais ; nous avons donné des maîtres d’écoles à toutes les populations françaises de l’Île et il en reste encore de disponibles“$. 115