Malheureusement, cette école ne dure que quelques années, le temps de former un nombre suffisant d’instituteurs acadiens compé- tents, dont l’un est plus tard devenu avocat, un autre médecin et un troisième un cadre du Canadien National“.
Du côté de Miscouche, il y a l’ouverture d’un couvent en septembre 1864, l’un des premiers dans une paroisse acadienne des Provinces Maritimes. L'édifice est construit sous la direction du curé, le Père Joseph Quévillon, venu à l’île du diocèse de Montréal. Il veut que le couvent soit à la fois un «asile de charité» et une école pour les Acadiennes. Comme il l’explique à son évêque, Mgr Bour- get, le besoin est grand :
D'abord notre but principal c’est de travailler à la régénération civile et reli- gieuse du peuple Acadien qui se trouve en arrière du siècle présent, en faisant donner au sexe [féminin], une éducation domestique en même temps que sociale pour les tirer de cette espèce d’asservissement où il se trouve placé vis à vis un peuple étranger. Il faut préparer nos filles dans le couvent à en faire dans la suite de les unes femmes de ménage etc. etc. En second lieu il n’y a point dans l’Île aucune maison de refuge, point d’orphelinat, point d’infirmerie catholiques, tout est à créer ici. Il n’y a pour contenir les désor- dres publiques [sic] que des prisons où l’on jette pêle et mêle les mauvais sujets des deux sexes. °°
L’évêque Mclntyre n’appuie pas le projet d’un orphelinat parce qu’il veut que le couvent devienne avant tout une maison d’enseignement”!. Face à l’opposition de son supérieur ecclésias- tique, le Père Quévillon met le couvent, qu’il a doté de 700 livres, entre les mains de l’évêque de Charlottetown, qui en assume désor- mais la responsabilité”?. Mgr Mcintyre fait venir trois religieuses de la Congrégation Notre-Dame de Montréal qui arrivent à temps pour commencer la classe le 14 septembre 1864.
Mgr Mclntyre s’occupe personnellement du couvent. Il sollicite la collaboration des gens de Miscouche et d’ailleurs pour assurer le confort des religieuses. Le passage suivant, tiré des Annales du Couvent, montre à quel point les religieuses apprécient le dévoue- ment de l’évêque et la générosité des paroissiens :
Monseigneur, revenant de Tignish, se fit précéder par des voitures chargées de 800 1bs de farine, de 200 maquereaux, de deux quintaux de morue et d’une tinette de beurre. Ce Dévoué Prélat passa le dimanche avec nous. Impossible de dire jusqu’à quel point il porta ses prévenances. Il invita les gens de vouloir bien se rendre, le lendemain, à la Messe qu’il dirait pour eux, et d’apporter quelques morceaux de bois de chauffage, des haches et des scies pour finir
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