les nouveaux bâtiments du couvent. Sa Grandeur fit cette invitation avec tant de bonté et de douceur, que, le lendemain, la cour était remplie d'hommes : les uns bûchaient, d’autres sciaient, et d’autres travaillaient au hangar. Monseigneur passa la journée avec eux : c'était un vrai Père au milieu de ses enfants. Dès son ouverture, le couvent n’est pas uniquement réservé aux jeunes Acadiennes, bien qu’elles composent la majorité des élèves. En effet, il accueille aussi les filles de parents irlandais, écossais et anglais ; quelques élèves sont protestantes. En 1866, environ 90 élèves fréquentent les classes du couvent où elles étudient l’anglais, le français, la géographie, l’histoire, l’éducation, la grammaire, ainsi que la musique et la broderie**. Outre les filles de la paroisse, le couvent reçoit comme pensionnaires des étudiantes de l’extérieur, même du Nouveau-Brunswick. En mars de 1871, il y a 25 pension- naires : 16 Acadiennes et 9 de langue anglaise dont 3 de religion protestante”). La survie du couvent dépend d’un soutien public continu. Donc, les paroissiens organisent souvent de grands pique-niques (activités lucratives par excellence) et des individus font des dons réguliers. A titre d'exemple, le Père Sylvain-Ephrem Poirier, curé de Mont- Carmel, fait don d’un cochon au couvent en 1871 et 1872%. De son côté, l’école compte sur les frais de scolarité puisqu'elle n’a pas droit à l’aide gouvernementale. Mais on apprend dans le Summerside Progress qu’en 1868 les soeurs ont de la peine à faire vivre leur couvent car un grand nombre des 60 élèves inscrites sont incapables de payer leurs frais de scolarité en entier. C’est grâce aux contributions des bienfaiteurs comme les pères Quévillon et Miville que les religieuses peuvent accueillir gratuitement, ou à frais réduits, des enfants de parents pauvres”’. Dans toutes les institutions de l’époque, l’examen public des élèves constitue un grand événement auquel tout le monde assiste — y compris le clergé et les notables du village. Le passage suivant, tiré du Moniteur Acadien, nous donne un compte rendu très pitto- resque de la cérémonie et nous renseigne sur les matières étudiées par les élèves en 1869 : La grandeur des salles du couvent ne permettant pas d’admettre les nombreux amis de l’éducation dans le couvent, on avait construit en dehors un théâtre au-dessus duquel on avait érigé un bocage de sapins qui présentait un aspect sinon des plus pittoresques, du moins des plus agréables. Ce qui rehaussait encore plus la beauté du premier coup d’oeil et qui ajoutait beaucoup de 118