grâce, c'était les élèves vêtues de blanc, image de l’innocence, et rangées en arrière du théâtre. Le programme était arrangé de manière à entremêler les parties sérieuses de l’examen avec les différents morceaux de musique et de chant aussi bien qu’avec les dialogues et les drames, de sorte que l’as- sistance pouvait passer d’agréables moments.

Les élèves furent strictement examinées par les membres du clergé présents, non seulement sur la lecture anglaise et française, la traduction, la géographie, les grammaires anglaise et française, et l’arithmétique, mais encore sur les plus hautes branches de l’instruction, la rhétorique, le globe terrestre, l’his- toire ecclésiastique, l’histoire moderne, la philosophie naturelle et la bota- nique. Les élèves répondirent à toutes les questions qui leur furent posées d’une manière irréprochable.

Après Miscouche, c’est au tour de Tignish et de Rustico de se doter de couvents dirigés par les soeurs de la Congrégation Notre- Dame de Montréal : celui de Tignish ouvre en 1868, celui de Rustico en 1882*°. Ces couvents offrent le même programme d’études bilin- gues que celui de Miscouche et contribuent, eux aussi, à préparer des candidates pour l’École normale, donc à fournir des institutrices bilingues aux écoles acadiennes. Ces couvents sont ainsi d’excel- lents foyers d’animation culturelle. Les religieuses donnent des cours d’art et de musique et organisent souvent des concerts de variétés grandement appréciés du public.

Jusqu’au début du XX°® siècle, le français semble prépondérant dans ces institutions. Le programme d’études est identique à celui de la Congrégation dans la province de Québec car les religieuses sont québécoises. L'ambiance est française bien que le bilinguisme soit de rigueur dans toutes les manifestations publiques organisées par les soeurs avec leurs élèves.

Les écoles acadiennes

Malgré leurs bons programmes d’études et leurs institutrices compétentes, les couvents n’atteignent qu’une faible partie de la population écolière acadienne. La grande majorité des élèves fréquente les écoles publiques, avec tous les problèmes que cela comporte. En 1885, le comté de Prince, qui contient le gros de la population française, compte 27 écoles publiques dites acadiennes®°.

L’assiduité continue d’être un problème important dans toutes les écoles de la province. En effet, on déplore souvent que les classes soient si irrégulièrement fréquentées. Beaucoup de jeunes écoliers n’occupent les bancs d’écoles que pendant les mois la tempé- rature est la plus favorable. Quant aux plus âgés, ils doivent souvent

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