rester chez eux pour aider aux travaux de la ferme. Certains d’entre eux pu entent les salles de classe seulement pendant la morte- saison!
Bien que les parents s’intéressent de plus en plus à l’instruction en construisant de nouvelles écoles et en pourvoyant à leur ameu- blement, les conditions matérielles ne favorisent souvent ni la qualité de l’enseignement ni l’assiduité. Dans certaines écoles les pupitres manquent, les élèves sont trop serrés, les cartes géographiques font défaut et, parfois même, le bois de chauffage n’est pas fourni en quantité suffisante. Quant aux instituteurs, ils sont non seulement obligés de travailler dans des conditions souvent décourageantes, mais ils doivent se contenter de très maigres salaires. En 1875, un instituteur moyen reçoit 48 cents par jour et une institutrice 35 cents pour le même travail. Il n’est donc pas surprenant que tant d’en- seignants désertent cette profession qui sert plutôt de tremplin pour des carrières plus rémunératrices®?. Il en résulte donc une pénurie d'enseignants qualifiés et compétents.
Si cette situation déplorable est générale pour l’ensemble du personnel enseignant de la province, celle des instituteurs acadiens est encore pire. Pour toucher le même salaire que les autres insti- tuteurs de l’île, l’enseignant acadien doit subir des examens en anglais qui le placent dans une position de net désavantage par rapport à ses confrères anglophones. Selon le surintendant de l’éducation de la province, cette condition est de nature à décourager les Acadiens
d’embrasser la carrière de l’enseignement. À ce sujet, il écrit en 1887 :
Le programme d’études servant à examiner les enseignants est trop difficile, à mon avis, pour qu’un élève français le réussisse sans au préalable y consacrer plus de temps que justifient les rémunérations qui s’ensuivent. Voilà proba- blement une des raisons pourquoi si peu de nos frères acadiens se lancent dans la carrière de l’enseignement. ?
La tâche de l’enseignant acadien est d’autant plus difficile qu’il est tenu d’enseigner plusieurs matières en anglais à des élèves géné- ralement unilingues français, et ce, sans méthode et sans manuels appropriés®*.
À partir des années 80, les Acadiens commencent à à déplorer les lacunes dans la connaissance de la langue française chez leurs maîtres et maîtresses d’école. Un correspondant insulaire, dans le journal Le Moniteur Acadien, avertit ses lecteurs, en 1884, que si
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