système. Un Acadien insulaire, préoccupé par le problème, écrit en novembre 1884 :

Un grand défaut que je remarque sur l’Île-du-Prince-Édouard, c’est le manque d’enseignement français, dans nos écoles. Est-ce la faute du gouvernement ou celle des instituteurs? La faute des deux, je pense ; car si notre gouver- nement apportait plus de soin à l’instruction de nos jeunes hommes, tant dans la langue française que dans la langue anglaise, de meilleurs citoyens habi- teraient nos villes et nos campagnes. [...]

Une bonne chose pour nos enfants serait d’introduire la grammaire française dans nos écoles ; mais pour l’introduire, il nous faut des instituteurs capables de l’enseigner, preuve qu’il est absolument nécessaire pour nous d’avoir un département français à l’École Normale ; nos jeunes hommes qui se diri- gent pour la carrière de l’enseignement pourraient recevoir une bonne éduca- tion française. Nos hommes publics devraient avoir depuis longtemps compris cela et auraient se faire un devoir d’agiter cette importante question. ??

On notera que cet Acadien écrit quelques mois après la deuxième Convention nationale tenue à Miscouche. Sans doute les congrès nationaux ont-ils contribué à sensibiliser les Acadiens de l’île à leur situation précaire sur le plan culturel. Ceux-ci entreprennent donc des démarches pour contrecarrer la tendance à l’assimilation. Il convient en premier lieu d'améliorer l’éducation française de la jeunesse. Déjà, le congrès de Miscouche a voté une résolution demandant au gouvernement de l’île que l’enseignement de la langue française dans les districts acadiens soit porté au même niveau que l’enseignement de la langue anglaise, que les instituteurs acadiens reçoivent les mêmes salaires que les autres pour l’enseignement du français et que l’inspection des écoles acadiennes se fasse en français”*. Il faudra attendre le début des années 90 pour voir le gouvernement acquiescer à certaines de ces demandes.

L'éducation des adultes

À cette époque, l’éducation des adultes, des hommes surtout, commence à retenir l’attention. Nous avons déjà vu comment les sociétés de tempérance, mises sur pied dans toutes les paroisses, contribuent à éveiller les gens à toute une gamme de questions. À ces organismes vient s’ajouter une autre institution d’éducation populaire, soit le cercle de débats et de discussions. Ici, les hommes se rencontrent pour débattre des sujets de l’heure et pour s’exercer à l’art oratoire. De tels cercles sont fondés en 1874 à Abram-Village”#, en 1876 à Miscouche’° et en 1878 à Rustico®. Le Moniteur Acadien annonce la création du cercle d’Abram-Village l’on discutera de

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