Acadiens, du moins à ceux de Baie-Egmont. Effectivement, en 1870, lors d’une réunion publique sur le sujet, ces derniers se déclarent favorables à l’entrée de l’île dans la Confédération canadienne, mais à condition que le gouvernement fédéral accorde des subsides pour l’achat des terres des grands propriétaires et qu’il subventionne aussi la construction d’un chemin de fer. Un mois plus tard, le député Arsenault déclare qu’il n’est pas opposé au principe de l’Union. Il explique qu’il voit ce projet «comme une alliance avec des gens comme nous et non avec un pays étranger ou un gouvernement despotique”?».

Certains croient en effet que les Acadiens auraient tout avantage à l’entrée de l’île dans la Confédération il serait plus facile de faire respecter leurs droits linguistiques et religieux. Un jeune leader de Baie-Egmont, Jean-J. Arsenault, s’exprime clairement à ce sujet dans Le Moniteur Acadien, en 1870. Il insiste sur le fait que les Canadiens français forment un pourcentage important de la popu- lation de la nouvelle nation, et qu’ils sont en mesure de se faire respecter. D’après le jeune correspondant, les Acadiens de l’île avaient intérêt à se rallier aux Canadiens français sous un gouver- nement central qui se montrerait plus compréhensif envers les fran- cophones. «Pourquoi n’irions-nous pas, écrit-il, on redressera nos griefs passés et nous trouverions justice et égalité?»

Nous avons cité, à plusieurs reprises, des articles parus dans Le Moniteur Acadien. On ne saurait souligner assez l’importance de ce journal, fondé en 1867, comme porte-parole des Acadiens. En effet, l’ensemble de l’élite acadienne de l’île s’abonne à ce premier organe de presse. Des membres de cette élite y publient réguliè- rement des articles et des lettres au sujet des grands débats politiques de l’heure et des problèmes spécifiquement acadiens. Ils discutent notamment de l’absence de représentants acadiens au gouverne- ment, de l’importance de l’unité politique et de la rareté des Acadiens dans la fonction publique.

Le patronage politique

Une question très politique que les Acadiens agitent à cette époque, autant dans la presse anglaise que française, est celle de leur représentation dans la fonction publique. Depuis longtemps, des postes, rémunérés par le Trésor public, sont distribués, après les élections, aux partisans du parti porté au pouvoir. Pendant de nombreuses années, le manque d’instruction empêche les Acadiens

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