tous agriculteurs et pêcheurs, qui habitent un territoire beaucoup trop petit. «Toute cette population est bâtie, écrit-il, une moitié sur 25 arpens de terre, le 3/4 du reste sur 50 arpens et le reste sur 100 arpens!%,» Il conçoit immédiatement des plans aptes à apporter des solutions à ce problème de taille.

Le Père Belcourt préconise d’abord la création d’une banque du peuple, un genre de caisse populaire. Cette institution financière permettrait aux Acadiens qui resteraient sur place de maintenir les terres qu’ils occupent et d’en acheter de nouvelles. Ensuite, il lance un important mouvement d’émigration de jeunes familles acadiennes de Rustico pour fonder de nouvelles colonies sur des terres de la Couronne dans la vallée de la Matapédia, au Québec, et, plus tard, à Saint-Paul-de-Kent dans le sud-est du Nouveau-Brunswick. Son objectif est de faire émigrer la moitié de ses paroissiens!®. De plus, il recrute de jeunes colons et des collaborateurs dans les autres communautés acadiennes surpeuplées de l’île et du Nouveau- Brunswick!%,

Après l’époque du Père Belcourt, le courant migratoire vers le Nouveau-Brunswick se poursuit. Il prend de l’ampleur surtout avec les Conventions nationales acadiennes qui ont lieu au début des années 1880. Comme nous le verrons, les émigrants se dirigent principalement vers Rogersville et Adamsville. Lorsque les derniers grands propriétaires fonciers sont contraints de vendre leurs domaines, les Acadiens peuvent plus facilement acquérir des terres dans l’île. Plusieurs familles quittent donc Rustico vers 1880 pour fonder une petite colonie dans le lot 43 du comté de Kings. Elles nomment leur établissement : Nouvelle-Acadie. Entre 1860 et 1890, d’autres familles quittent également Rustico pour prendre des terres

dans la région de Bloomfield, dans le comté de Prince!°?.

La Banque de Rustico

La création de la Banque de Rustico est sans doute l'initiative économique la plus intéressante de l’époque. Conçue par le Père Belcourt, elle est fondée en 1861 mais ne reçoit sa charte qu’en 1864 sous la raison sociale Farmers’ Bank of Rustico'®. Par son capital initial de 1200 livres seulement, elle est la plus petite banque à charte au Canada, peut-être même dans tout l’Empire britannique”. Il s’agit aussi de la première banque du peuple à voir le jour au Canada. Elle opère avec succès jusqu’à l’expiration de sa charte 30 ans plus tard.

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