en portant à $500 000 le minimum de capital social. La charte de la Banque de Rustico expire en 1894 après avoir obtenu quelques délais! 10.
Mais l’esprit de cette première banque du peuple au Canada vit toujours. Le fondateur du mouvement des Caisses populaires, Alphonse Desjardins, a étudié la Banque de Rustico et s’en est inspiré pour fonder son mouvement, aujourd’hui international!!!
Les «graineries»
Au début des années 1860, une autre institution de type coopé- ratif est mise sur pied par les fermiers acadiens de l’île. Il s’agit d’une sorte de banque agricole qu’on appellera communément «grai- nerie». Dans ce cas, ce sont les fermiers de la paroisse de Baïie- Egmont qui lancent le projet, possiblement sous l’influence du Père Belcourt'!?. Ces graineries sont, en fait, des banques de grains de semence qui opèrent sur le modèle des banques ordinaires, mais toutes les transactions se font en nature. Les actions, les intérêts et les dividendes sont comptés en boisseaux de grains. Laissons au Moniteur Acadien le soin d’expliquer le fonctionnement de cette institution :
Disons que cent, deux cents cultivateurs s’associent, mettent chacun l’équi- valent de dix boisseaux d’avoine et en font un capital qui doit rester là. C’est peu de chose pour chacun. Le printemps les associés qui ont besoin de grain de semence l’obtiennent de la banque en s’engageant à rembourser à l’au- tomne cinq boisseaux pour quatre. Cela forme un intérêt peu élevé dont l’emprunteur ne se ressent nullement.
Cet intérêt est plus que suffisant pour payer les frais d'administration ; le capital augmente donc chaque année au bénéfice des actionnaires de l’as- sociation. 1?
Cette formule coopérative s’avère très utile aux fermiers acadiens souvent forcés à s’endetter au printemps pour se procurer de la semence à un prix très élevé, perpétuant une situation d'endettement chronique. En 1868, les fermiers acadiens font incorporer leur insti- tution par la Législature de l’île. Le projet est intitulé An Act for the incorporation of Societies for the sale and distribution of Seed Grain, on credit", Cette initiative acadienne attire l’admiration de la presse anglophone qui incite les autres fermiers de la province à
imiter leurs concitoyens de langue française. The Examiner écrit :
Les habitants acadiens-français de Baie-Egmont ont donné à nos petits fermiers
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