rappellent souvent à leurs lecteurs que la culture du sol est une science, et que pour bien réussir dans l’agriculture il faut se tenir au courant des nouvelles techniques et les mettre en pratique.

Le problème agricole majeur en ce milieu du XIX® siècle est l’appauvrissement du sol et le manque d’engrais. La découverte des vertus du mussel mud, et son usage généralisé à partir des années 60, contribue à résoudre en partie le problème. Cette vase, prélevée du fond des rivières, formée de coquillages en décomposition, est une excellente source de calcium et contient d’autres fertilisants nécessaires à la terre. En 1886, Francis Bain, géologue et natura- liste, écrit :

Le mussel mud a été une mine d’or pour i’Île-du-Prince-Édouard. C’est un véritable trésor puisé des profondeurs et prodigué à la terre généreuse. Chaque acre arable, enrichie de cet engrais fort nutritif, et soignée avec sagesse, doublera son rendement pour une durée de cinquante ans.

L'application de cette vase augmente la récolte d’avoine principal produit d’exportation de l’île et améliore la quantité de grains. La récolte du blé devient plus prévisible. La pomme de terre augmente en grosseur mais non en qualité. La récolte de navets à l’acre est doublée. Les prés produisent un fourrage plus riche qui se double en quantité alors que les pâturages offrent une herbe plus épaisse, plus succulente et beaucoup plus nutritive. !?*

L'usage du mussel mud représente donc un bénéfice remar- quable pour les fermiers insulaires dont la culture de l’avoine cons- titue le revenu principal.

À part cet amendement à base de coquillages, les cultivateurs engraissent leurs terres de déchets de homards provenant des usines d’apprêtage, ou même de harengs ou de maquereaux vendus la plupart du temps à bas prix. Parfois le fermier va lui-même pêcher ces poissons.

La méthode d’assolement la plus usitée observe une rotation de sept ans, durant laquelle on ne fume la terre que la première année! 7. La quantité restreinte de fumier, due au petit nombre d’animaux sur les fermes, impose ce genre de rotation.

Les cultures

L’avoine et la pomme de terre sont les principales récoltes de l’île au cours de la période 1860-1890. Les Acadiens semblent suivre d’assez près l’orientation économique de la province. L’avoine est en fait le produit commercial le plus important, mais sa culture pose

140