de graves problèmes car elle épuise très rapidement la fertilité du sol. La qualité a donc tendance à diminuer au cours des années, faute d’engrais appropriés.
La pomme de terre reprend son importance après une période d’épidémies pendant les années 40 et 50. Ainsi, sa production passe de trois à sept millions de boisseaux de 1860 à 1890!%#.
Le foin devient aussi une culture de première importance. Son rendement augmente sensiblement avec l’application du mussel mud. Le rédacteur du Summerside Progress affirme en 1867 que la moyenne de la récolte avait quadruplé en l’espace de quinze ans!??. Parmi les autres récoltes d’importance à cette époque, notons le navet et l’orge.
Quant au blé, il ne représente aucun apport important à l’éco- nomie de l’île. Les maladies qui détruisent trop souvent les récoltes découragent sa culture. Souvenons-nous que la culture du blé est assez répandue dans la province avant 1840, mais que depuis, elle a beaucoup diminué, de nombreux fermiers l’ayant totalement aban- donnée. La province doit alors importer du blé et de la farine! #. Ce n’est qu’avec la construction du chemin de fer qui relie les Mari- times à l'Ontario, vers les années 1870, que l’on introduit dans l’île
une meilleure variété de blé et que l’on en encourage la culture!?°.
En 1868, année de disette dans toute l’île, les fermiers des envi- rons d’Abram-Village se réunissent pour discuter de la situation et pour décider quelles récoltes il vaut mieux produire en cette période difficile. La discussion est rapportée dans le Summerside Progress. Ce compte rendu nous donne un aperçu intéressant du dilemme agricole qu’un groupe de fermiers acadiens du temps affronte :
Plusieurs hommes ont pris la parole et presque tous se sont accordés pour dire que le petit fermier démuni, qui arrive à peine à produire suffisamment pour soutenir sa famille, ne devrait pas semer d’avoine, ou très peu. On lui conseillerait plutôt de semer du maïs, du sarrasin, de l’orge, des haricots et des pois, récoltes qui rapporteraient plus que l’avoine si le sol était bien cultivé. Ils ont soutenu que même si le pauvre fermier était obligé de cultiver une grande quantité d’avoine, il finirait par vendre le gros de sa récolte et il se trouverait par conséquent sans pain et sans moyen de l’obtenir. De leur point de vue, l’entretien d’un grand jardin potager était un aussi bon moyen de subsister à peu de frais.
D’autres participants ont argumenté que si un trop grand nombre d’agricul- teurs ne semaient pas d’avoine, on se trouverait sans nourriture pour le bétail. Ils ont enfin soutenu que ce qui est retiré de la terre devrait lui être remis en fumier, si aucun autre engrais n’était disponible. !*°
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