hommes. Elle exporte à l’étranger environ 4000 quintaux de morue sèche, principalement aux Antilles, et quelque 2500 barils de maquereau salé aux États-Unis!

Malgré la place D gene à des insulaires dans le domaine de la pêche, les pêcheurs américains sont encore les plus nombreux dans les eaux de l’île. En 1868, le rédacteur du Summerside Journal estime anormal que les Américains viennent chaque année pêcher ici alors que la jeunesse de l’île doit émigrer pour trouver de l’em- ploi :

Le poisson foisonne dans les eaux de l’île. Alors qu’il procure des emplois payants à des milliers de gens de pays étrangers, nous en tirons pratiquement aucun profit, toutes proportions gardées. C’est évidemment un spectacle gênant et humiliant que de voir nos voisins qui envoient chaque année sur nos côtes leurs immenses flottes de bateaux de pêche, pendant que notre jeunesse, sans travail, quitte le pays natal chercher fortune ailleurs. Nous avons besoin d'hommes munis de capitaux qui puissent prendre en main l’industrie de la pêche afin d’en faire une activité rentable. #8

Le lieutenant-gouverneur déplore lui aussi la situation. En 1872, il écrit que les sentiments de la population sont si profondément attachés à l’agriculture que la pêche ne reçoit pas toute l’attention qu’elle mérite. Il rappelle que ce sont les investisseurs américains qui soutiennent l’industrie dans la province *?.

Quoi qu’il en soit, l’industrie de la pêche prend une place de plus en plus importante dans les communautés insulaires en général, et dans les villages acadiens en particulier. En 1876, on compte 87 bateaux et 535 pêcheurs à Rustico qui prennent du maquereau, du hareng et de la morue pour une valeur de $59 993. Du côté de Baie- Egmont, l’on ne pêche que le maquereau et le hareng, l’industrie n’est pas encore très importante. En 1876, il n’y a que 10 bateaux et 30 hommes engagés dans cette activité qui rapporte $6350!%0, À la même époque, le village de Miminegash se développe rapidement comme important centre de pêche à cause de l’abondance du maque- reau dans les environs. En 1877, on » trouve dix établissements (qu’on appelle en anglais stages) et l’année suivante une trentaine °!. Les pêcheurs sont principalement des Acadiens et des Irlandais. Selon le rapport de l’inspecteur des pêches pour l’année 1878, il y avait à Miminegash 530 pêcheurs sur 135 bateaux. On avait expédié de l’endroit : 4000 barils de maquereau, 400 de hareng, 200 quin- taux de morue et 500 de morue barbue, 150 gallons d’huile de

poisson et 57 600 boîtes de homard!*?.

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