sive, la quantité et la grosseur du homard diminuent à tel point qu’on songe même à fermer la saison de pêche pendant quelques années afin de permettre un renouvellement des stocks!°. À l’époque, chaque usine de transformation du homard embauche pendant deux ou trois mois une vingtaine d’hommes et une dizaine de femmes. Des hommes sont pêcheurs sur les bateaux de l’éta- blissement tandis que d’autres et toute la main-d’oeuvre féminine sont occupés à l’usine. Les employés sont habituellement logés sur place, dans des locaux aménagés par le propriétaire. L'arrivée de ces nombreuses conserveries n’est pas sans présen- ter un sérieux impact économique dans la région par la création d’emplois saisonniers qui permettent à la jeunesse de travailler sur place au lieu d’aller chercher du travail aux États-Unis!$!. Les femmes trouvent dans ces emplois une rare opportunité de travail salarié près de chez elles. Il s’agit surtout de jeunes filles, de célibataires et aussi de veuves soucieuses de gagner un revenu pour élever leurs enfants. En 1891, un journaliste du Moniteur Acadien, en visite dans les communautés acadiennes de l’île, est impressionné par l’effet de la pêche sur l’économie locale. Il écrit à propos de sa visite à Baie- Egmont : La grande industrie sur les côtes, ici comme tout autour de l’île, est la pêche au homard. J’ose dire que presque le tiers des familles ont quelques-uns de leurs membres occupés à faire ou la pêche du maquereau ou du homard, ou bien sont employés aux factories à mettre le poisson en conserve. C’est une scène vraiment inté- ressante que de voir le procédé. !5? L'industrie crée des emplois dans d’autres secteurs, même pendant l’hiver : coupe du bois, construction des bateaux, fabri- cation de casiers et de boîtes nécessaires aux pêcheurs et aux empa- queteurs. Dès 1880, l’inspecteur des pêches, J. Hunter Duvar, commente l’heureux impact de ce nouveau développement dans l’in- dustrie de la pêche : Cette industrie jette beaucoup d’argent dans la circulation. Indépendamment de la construction et de la réparation des bâtisses, des ouvrages en fer-blanc et en fer, de la construction de bateaux, de combustible, du camionnage et de beaucoup d’autres déboursés, de bons gages sont payés, directement ou indirectement, à peut-être 2000 personnes, hommes et femmes. Ainsi, l’in- dustrie est d’une importance considérable dans l’économie politique de la province. 53 146