temps. Ce poisson est salé et séché pour l’exportation et la consom- mation locale. Il existe aussi un marché pour les langues, les noues et l’huile de ces poissons.
Outre les espèces déjà mentionnées, on pêche en petite quantité toute une gamme d’autres poissons tels que le saumon, le gaspareau, l’aiglefin, le flétan, la truite, l’éperlan, l’achigan (bar) et l’anguille. La plupart de ces produits de la mer sont consommés localement à l’état frais!®?.
Les pêcheurs et les ouvriers d’usine
Il est vrai que le développement de l’industrie de la pêche, notamment du homard, crée beaucoup d’emplois sur les bateaux de pêche et dans les usines d’apprêtage. Ces emplois, qui attirent les Acadiens et les Acadiennes en grand nombre, restent néanmoins de type saisonnier et peu rémunérateurs. Mais à une époque où les gens ont peu d’argent et où les emplois dans l’île sont rares, ces petits salaires ne sont pas à dédaigner. À ce sujet, l'inspecteur des pêches écrit en 1881 : «Les gages que leur rapportent leurs travaux de l’été les aident à passer les longs et rigoureux hivers pendant lesquels ils n’ont pas d'ouvrage qui leur rapporte de l’argent! 7°,»
Ces emplois ne durent que de deux à trois mois. En 1887, le revenu moyen des employés de homarderies est d’environ $30 par mois pour les hommes et $12 pour les femmes!/!. Comme nous l’avons vu, la plupart des hommes sont pêcheurs alors que toutes les femmes travaillent dans l’usine. Cependant, le pêcheur qui n’est pas propriétaire de son bateau, ne touche pas un véritable salaire. En fait, il est payé selon la quantité pêchée, soit environ 55 cents pour 100 homards!??. Ceux qui ont les moyens de posséder leurs propres bateaux tirent naturellement un revenu plus élevé qui dépend toutefois des quantités de homard capturées, variables d’une année à l’autre. Les mauvaises pêches s’avèrent évidemment catastro- phiques au bien-être des pêcheurs. C’est le cas en 1882. Cette année- là, Le Moniteur Acadien prévoit des temps durs pour les pêcheurs : «Ce contre-temps va peser lourdement sur les épaules des pêcheurs, qui, pour un bon nombre d’entre eux, n’ont que ce moyen de subsistance! 7°.»
De nombreux pêcheurs vivent seulement de la pêche et, en géné- ral, ne font que vivoter. Le faible revenu de leur travail ne suffit pas à faire vivre convenablement leurs grandes familles. Ils sont perpétuellement endettés envers leurs employeurs qui leur font des
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