Ce genre de discours ne se fait cependant pas entendre lors des premières Conventions nationales des Acadiens. Si la question de la pêche est abordée, c’est plutôt en termes négatifs.

Les Conventions nationales des Acadiens

Les problèmes sociaux, économiques, culturels et politiques qui assaillent les Acadiens de l’Île-du-Prince-Édouard ne leur sont pas particuliers. En fait, les francophones de l’ensemble des Maritimes se trouvent à peu près dans la même situation. Voilà pourquoi les Acadiens insulaires se joignent à leurs compatriotes dans le but d’étudier leur condition et de se donner une orientation pour leur développement. Entre 1881 et 1890, ils se rencontrent en trois grand congrès ou «conventions», comme on les désigne à l’époque. Celles- ci ont lieu à Memramcook (Nouveau-Brunswick), à Miscouche (Île- du-Prince-Édouard) et à Pointe-de-l’ Église (Nouvelle-Écosse). Les insulaires y participent en assez grand nombre.

La première rencontre importante du leadership acadien a cepen- dant lieu à Québec, en 1880, lors de la fête patronale des Canadiens français, la Saint-Jean-Baptiste. Cette année-là, la Société Saint- Jean-Baptiste de la ville de Québec invite les francophones d’Amé- rique à s’assembler en congrès pour faire le point sur leur situation. Les organisateurs réservent une commission spécialement à l’in- tention des délégués acadiens.

Sous la direction de l’honorable Joseph-Octave Arsenault, la délégation de l’Île-du-Prince-Édouard se compose de neuf hommes choisis lors de réunions publiques convoquées dans les paroisses! %. À la première de ces assemblées paroissiales, tenue à Baie-Egmont, le député Arsenault explique à la foule la raison pour laquelle une délégation de l’île doit se rendre au congrès de la Saint-Jean-Baptiste. Selon lui, il y a beaucoup à gagner. Peut-être même y trouverait- on des solutions à des problèmes urgents, tel le manque de terres pour la nouvelle génération. Le Moniteur Acadien résume ses propos :

C’est là, à l’ombre de ces bannières nationales, que le peuple acadien puisera la force et les moyens de faire respecter ses droits trop longtemps méconnus, de conserver intact son cachet national, la langue que nous aimons et que nos mères nous ont apprise, enfin tout ce qui regarde l’intérêt de la nation : religion, éducation, sciences, industrie, colonisation. Il nous fit voir tout ce que nous pourrions tirer de profit en nous joignant à nos frères les Canadiens dans une même famille nationale. C’est surtout sur la question de la colo- nisation que l’honorable M. Arsenault a insisté le plus fortement. Comme

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