Alors que la Société Mutuelle l’Assomption s’établit dans l’île, un autre organisme du genre voit le jour à Tignish. Il s’agit de l’Association acadienne et mutuelle de bénéfice en maladie (la Mutuelle) qui organise des succursales dans les paroisses de Miscouche, Wellington, Palmer Road et Hope River*. Aux réunions, les membres discutent régulièrement les questions relatives au main- tien de la vie française dans l’île. ‘ D’autres événements importants, au début du XX siècle, contri- buent à garder vivant cet esprit national acadien dans la province insulaire. En 1913, c’est au tour de Tignish d’accueillir les délégués des trois Provinces Maritimes pour la septième Convention nationale des Acadiens. En 1927, un groupe de Québécois, organisé par Le Devoir, parcourt les principaux centres acadiens des Maritimes. La délégation, conduite par le grand nationaliste Henri Bourassa, s’ar- rête à Baie-Egmont où les Acadiens de tous les coins de l’île s’as- semblent pour entendre de vibrants discours patriotiques. Ces orateurs se disent fort intéressés à tous les aspects de la survivance des mino- rités françaises au Canada. À l’occasion de cette visite, le professeur J.-Henri Blanchard lance son livre, Histoire des Acadiens de l’ Île du Prince-Édouard, afin de faire connaître aux Québécois l’histoire et la situation actuelle des Acadiens de sa province”. Cet ouvrage permet aussi à ses compatriotes insulaires de mieux connaître leur propre passé. L’éducation — la question clé Au cours de la période à l’étude (1890-1945), la classe dirigeante donne une impulsion énergique à la promotion de l’éducation et, en particulier, de l’éducation française. Elle tient en effet à s’assurer que la langue française soit bien enseignée dans les écoles acadiennes et s’engage à trouver des moyens pour augmenter sensiblement la présence acadienne dans les professions libérales. Les dispositions de la loi scolaire de 1877 relatives à l’éducation française n’ont pas été modifiées. Cependant, les autorités gouver- nementales se montrent bienveillantes envers les démarches des Acadiens et, comme nous allons le voir, elles leur accordent certains privilèges. Le vent est plutôt à l’optimisme chez les Acadiens insulaires pendant les années 90. Plusieurs événements contribuent à cette heureuse ambiance. D’abord, en 1890, l’École modèle du collège 162