tard, le professeur J.-Henri Blanchard déclare que près de la moitié des écoliers acadiens, soit environ 1100, doivent faire leurs études dans des écoles complètement anglaises”.
Dans le domaine de l’enseignement privé, les couvents de Tignish, de Miscouche et de Rustico continuent à donner une éduca- tion de qualité aux jeunes filles. Mais face à des problèmes financiers accablants, ces couvents se voient obligés d’abandonner, entre 1902 et 1922, leur statut d'écoles privées pour s’intégrer au système des écoles publiques afin de bénéficier des subsides gouvernementaux. Ces couvents sont donc contraints à se conformer au programme officiel des écoles publiques ce qui implique une réduction de l’en- seignement en français. Peu à peu, l’ambiance française diminue dans ces couvents de sorte qu’en 1942, sur dix-sept religieuses ensei- gnantes, seulement huit sont de langue française”.
Quelle place fait-on à l’enseignement du français à cette époque dans les écoles acadiennes? Le professeur J.-Henri Blanchard en brosse un tableau assez exact. La description qu’il fait en 1937 s’applique aussi à presque toute la période 1890-1945 :
Dans les soixante-deux écoles des centres acadiens, le programme du cours français se borne à l’enseignement de la lecture, de la grammaire, de la dictée, et d’un peu de composition. Quelques rares écoles enseignent l’histoire du Canada en français. En certaines écoles, on se sert de la langue française pour les éléments de l’arithmétique et de la géographie, mais règle générale, toutes les matières du cours s’enseignent en anglais. Dans la plupart des écoles, même les commençants doivent être initiés aux différents sujets du cours au moyen de la langue anglaise.
Dans quelques écoles où le français est plus favorisé, l’élève apprend à lire en français. Au bout de la première année commence l’étude de la langue anglaise, et ensuite jusqu’à la fin du cours, l’élève étudiera concurremment les deux langues. D’ordinaire, dans ces écoles, on consacre la séance de l’avant-midi aux leçons de lecture française et l’après-midi aux leçons de lecture anglaise?
En raison de plusieurs obstacles, ce programme n’est même pas toujours observé. D’abord, par pénurie d’enseignants francophones, des districts se voient obligés à engager des instituteurs sachant peu ou pas du tout le français. En 1902, l’inspecteur Joseph Blanchard fait remarquer que les écoles aux prises avec ce problème n’ob- tiennent pas des résultats très satisfaisants : «Essayez de vous imagi- ner, écrit-il, un instituteur unilingue anglais enseignant des écoliers qui, de leur part, ne connaissent peu ou pas du tout la langue anglaise. Jugez donc de là de la qualité du travail qui est accompli**.» En
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