à destination des provinces de l'Ouest. À cette époque, il y a une forte demande d’instituteurs bilingues dans ces provinces de nouvelles paroisses canadiennes-françaises sont en voie de fonda- tion. Les deux grandes guerres mondiales drainent aussi le corps enseignant de l’île. Pendant la Seconde Guerre surtout, de nombreux instituteurs et institutrices quittent la profession pour s’enrôler dans l’armée ou pour travailler dans les usines des grandes villes indus- trielles les salaires sont plus alléchants.

Les examens d’entrée à l’École normale provinciale et la langue d’enseignement à cette institution constituent une autre pierre d’achoppement au recrutement de nouveaux instituteurs en prove- nance des communautés acadiennes. En raison de l’unilinguisme anglais, l’étudiant de langue française doit travailler plus fort que ses compagnons de classe pour réussir”?. Cette situation n’est guère de nature à attirer un grand nombre d’Acadiens dans la profession d’enseignant.

Au début du siècle, les enseignantes reçoivent toujours un salaire inférieur à celui de leurs collègues masculins. C’est un problème discuté à plusieurs reprises lors des congrès des instituteurs acadiens. Le procès-verbal de celui de 1907 nous donne un aperçu de la teneur de cette discussion :

M. F. J. Buote fait remarquer l'injustice faite aux institutrices, vu qu’elles ne reçoivent pas autant de salaires que les instituteurs quoiqu’elles font autant d'ouvrage. Rév. P. C. Gauthier est aussi en faveur d’un salaire aussi élevé pour les institutrices que pour les instituteurs, et il propose la résolution suivante qui est adoptée à l’unanimité. Vu qu’il y a distinction faite quant au salaire, entre les institutrices et les instituteurs de cette province. Résolu que le salaire payé aux institutrices devrait être aussi élevé que celui payé aux instituteurs. *

Cette discrimination dure très longtemps, puisqu'il faut attendre 1947 pour que les institutrices se voient enfin reconnaître la parité salariale.

Fait encourageant pour les enseignants acadiens, la haute appré- ciation des contribuables leur vaut un supplément à leurs rémuné- rations gouvernementales, non versé dans tous les districts scolaires de la province. Le surintendant de l’instruction publique, Alexander Anderson, s’en réjouit dans son rapport de 1908. Il écrit : «J’ai encore la grande satisfaction de louer l’esprit et la générosité des contribuables des districts acadiens-français qui versent tous un supplément à leurs instituteurs“!

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